ADVAITA
le SOI n'est pas
un état!
QUESTIONS - REPONSES |
1/ Si le SOI est l'état dans lequel il n'y a plus aucune distinction entre le
bien et le mal, pourquoi est-il nécessaire de demeurer dans le bien pour accéder
à cet état ?
R - Il faut bien "comprendre" que le SOI n'est pas un
état et donc qu'Il ne peut être question de l'atteindre. Nous sommes toujours
le SOI. Par contre, les trois états, de veille, de rêve et de sommeil profond
sont eux, des états et ne concernent que la Manifestation. Dans ces états, la
distinction est établie entre ce que l'on appelle "le Bien" et "le Mal". En
règle générale, nous appelons "Bien" ce qui nous rend heureux et "Mal" ce qui
nous rend malheureux. Pour celui qui vit dans le monde et qui est donc identifié
à son corps, c'est-à-dire à une forme déterminée, cette distinction existe réellement
et la question pourrait se résumer ainsi : Est-ce qu'il est préférable de faire
le bien plutôt que le mal ? La réponse est évidente.
2/ Quel est le moyen le plus aisé, ou disons plutôt le plus sûr de passer d'une
"compréhension" intellectuelle de ce qu'est le SOI à une véritable expérience
du SOI ?
R - En comprenant bien que la compréhension ne peut justement
être qu'intellectuelle et qu'il n'existe jamais un seul moment pendant lequel
nous n'expérimentons pas le SOI. Ce que nous sommes, c'est uniquement le SOI
et ce que nous pensons être n'est que son ombre. Mais c'est vrai qu'il est indispensable
de passer par le cheminement intellectuel qui comprend trois étapes successives
: Ecouter - Méditer ce que nous avons entendu - Expérimenter. L'expérience spirituelle
est le résultat naturel des deux premières étapes et elle n'est jamais provoquée.
Elle survient au moment où l'on s'y attend le moins et efface pour un instant
l'Ego, c'est-à-dire les pensées. Nous expérimentons toujours le SOI, mais comme
cette expérience est perturbée par la dualité résultant de la manifestation,
nous confondons l'ETRE avec le PARAITRE, le spectateur avec le spectacle.
En fait, la recherche spirituelle, qui doit nous donner un jour la réponse au
"Qui suis-je ?" ne peut être qu'une démarche intellectuelle. On ne peut comprendre
que ce qui est inconnu, on ne découvre que des choses nouvelles or, le SOI est
toujours connu. C'est donc en éliminant tout ce qui nous empêche de n'être que
le SOI que nous serons réellement ce que nous sommes en permanence. On peut
même dire et essayer de comprendre qu'il ne peut pas y avoir d'expérience du
SOI, mais il y a toujours, dans le monde manifesté, expérience du non-Soi, c'est-à-dire
de l'EGO.
3/ Lorsque nous dormons, durant la phase de sommeil profond, a-t-on conscience
d'être ?
· Si oui, pourquoi n'en garde-t-on pas un souvenir (ou une trace quelconque)
?
· Si non, l'Absolu est-il alors un état dans lequel on ne peut avoir conscience
d'être ?
R - Il faudrait poser la question à celui qui dort
! Est-ce que dans le sommeil profond, une telle question apparaît ? La réponse
est non ! Qui dit ne pas être conscient durant le sommeil profond ? On ne peut
pas dire que l'on n'était pas conscient durant le sommeil profond. Ce qui est
vrai, c'est que nous ne nous en souvenons pas. Mais, un trou dans la mémoire
n'est pas un trou dans la conscience.
En fait, dans cette question, c'est l'individu, donc l'Ego qui demande s'il
a conscience d'être présent durant le sommeil profond. Cette fois, et vu sous
cet angle, la réponse est bien sur : non ! L'Ego n'est pas présent durant le
sommeil profond car lorsqu'il est présent durant le sommeil, il s'agit alors
du rêve.
Parlant de l'état de rêve, on pourrait se demander : A-t-on conscience d'être
durant le rêve ? Oui, le rêveur a conscience d'être, mais seulement d'être,
à aucun moment, il ne s'aperçoit qu'il rêve. Tout ce qui est perçu en rêve lui
semble bien réel. C'est lorsqu'il sort de cet état de rêve que l'individu peut
se dire : "Mais ce n'était donc qu'un rêve !". De la même manière, lorsque l'individu
sortira de l'état dit "de veille", c'est-à-dire, lorsqu'il réalisera sa vraie
Nature, tout en soupirant et en riant, il dira : "Ce n'était donc qu'un rôle
dans un film ! Mais répondons clairement à cette question avec une mise en garde
toutefois : il n'est pas nécessaire d'essayer de comprendre ce qu'il y a lorsque
l'EGO est absent ou ce qu'il n'y a pas. Tout raisonnement à ce sujet ne mènerait
à rien.
La conscience d'être, c'est-à-dire l'Etreté est permanente ; ce sont les états
qui sont impermanents et qui changent, pas le SOI. Le SOI est l'écran sur lequel
les images (les états) apparaissent et puis disparaissent. Le SOI n'est jamais
affecté, bien qu'étant à la base de la manifestation.
Encore une fois, ce que l'on appelle l'ABSOLU, ou le SOI, ou DIEU s'il le faut
n'est pas un état parce qu'un état n'existe que par rapport à un autre. L'Absolu
est au-delà des états, mais il les sous-tend. Lorsque l'Absolu n'est pas manifesté,
il est le SOI, c'est-à-dire l'ETRETE. La différence entre le SOI non manifesté
et le SOI manifesté, c'est que le premier existe de lui-même, par lui-même et
qu'il est le TOUT, alors que le SOI manifesté, qui prend le nom d'EGO, se heurte
à l'espace-temps et a donc besoin d'une forme qui, pour un homme, par exemple,
est un corps. Le SOI EST, mais l'EGO apparaît par intermittence. C'est pour
cette raison que l'on peut dire que l'Ego n'existe pas réellement, en ce sens
qu'il n'a pas d'existence propre, indépendante. Il n'est qu'un pâle reflet du
SOI. Dans l'Hindouisme, on dit souvent que l'Ego est un imposteur parce qu'il
se fait passer pour le SOI. L'exemple est excellent, et RAMANA d'ajouter : "découvrez
l'imposteur et soyez libre !"
4/ Nisargadatta Maharaj, lors d'un de ses nombreux entretiens, a mis en évidence
l'ironie de la quête spirituelle en expliquant que ce qui est cherché est le
chercheur lui-même ! Comparant alors le chercheur à un oeil, il pose la question
suivante : "un oeil peut-il se voir ?"
Quelle est la solution à ce problème ? Que faut-il faire ou ne pas faire pour
permettre à l'oeil de se voir ?
R - C'est ce que l'on répète sans cesse et c'est
vrai ! Ce que nous désirons atteindre, ce que nous cherchons avec passion, avec
ferveur, en y mettant tout notre coeur, tout notre Amour, quitte même à y laisser
notre santé physique, oui, ce que nous trouverons, en fin de compte, après parfois
un long chemin et bien des épreuves : c'est Nous ! Plus précisément, Notre ETRE
réel, celui que nous sommes à chaque instant et que rien ne peut atteindre.
C'est vrai, et c'est sans doute bien de le rappeler souvent, mais pour celui
qui cherche, ce ne sont malheureusement que des mots. Rassurants certes, puisque,
s'il a bien entendu, il sait à présent qu'il ne peut absolument pas ne pas arriver
au But qu'il s'est fixé, puisque le But, c'est Lui, le SOI ! Mais combien de
chercheurs ont réellement entendu ces mots précieux ? Combien agissent en fonction
de cette évidence ? Très peu !
Cela prouve que c'est loin d'être évident et que, au-delà des mots et des belles
expressions, le mental, les pensées, en résumé, l'Ego, n'est pas très disposé
à accepter d'emblée que l'on ne tienne plus compte de lui, et bien souvent,
c'est lui qui l'emporte. C'est pour cela qu'il existe une recherche, un long
chemin, des masses de techniques de méditation, de multiples exercices de YOGA
qui permettront à l'élève de se relaxer, de méditer, puis enfin, le calme venu,
d'entrevoir, grâce à certaines expériences qui arriveront en temps voulu, qu'il
n'est peut-être pas qu'un corps physique.
Il faut bien comprendre qu'il n'y a pas deux SOI : l'un cherchant l'autre. Par
contre, et c'est bien pour cela que le chemin est long, il y a la manifestation
et le non manifesté. Celui qui cherche est dans le monde manifesté alors que
le cherché n'est pas manifesté ! Les deux sont réels, mais l'Un est éternel,
alors que l'autre, en comparaison, n'est qu'un millième de seconde.
Alors, quelle est la solution à ce problème ? C'est bien entendu de trouver
la réponse. Sachant qu'elle est en nous, concentrons toute notre attention sur
le fonctionnement des pensées, plongeons à la source d'où elles jaillissent
et elles disparaîtront d'elles-mêmes. C'est vrai, l'oeil ne peut se voir, mais
si l'on met un miroir devant lui, il se verra. Pour le chercheur, le miroir
c'est le SOI.
5/ On parle souvent de purification de l'esprit ou de la psyché comme une étape
essentielle avant l'acquisition de la connaissance du SOI. De quoi l'Esprit
doit-il être purifié ? En quoi cette étape est-elle nécessaire au cours de la
quête du SOI ? Quel est le moyen d'effectuer cette purification ?
R - Tout d'abord, précisons encore une fois qu'il
n'y a aucune connaissance à acquérir pour être le SOI, puisque nous Le sommes
déjà. Connaître le SOI, c'est tout simplement Etre le SOI. Comme nous sommes
le SOI, mais que nous ne le savons pas réellement, c'est ce que nous prenons
pour le SOI, c'est-à-dire l'EGO qu'il faut éliminer !
Quant à purifier l'esprit, c'est-à-dire l'Ame ou Ego, cela fait partie des diverses
techniques utilisées par les religions ou mouvements spirituels ou encore écoles
de Yoga. Cette purification n'a aucun sens pour celui qui suit le chemin de
JNANA.
Mais précisons tout de même que procéder à une éventuelle purification suppose
que nous sommes, au départ, impurs... Comprenons très clairement et une fois
pour toutes que nous ne sommes jamais, à aucun moment impurs ! L'idée même d'impureté
provient certainement, comme une foule d'autres conceptions, des multiples procédés
de culpabilisation inventés par les religions... "Je" n'est pas le corps, comment
pourrais-je un instant être pur ou impur ? Même le corps lui-même ne peut pas
être pur ou impur, il est simplement provisoire et de ce fait soumis à des changements,
à un début et donc une fin, c'est tout. D'autre part, vous rappelez-vous avoir
un jour sollicité un corps ? Est-ce vous qui avez demandé à venir dans ce corps
qui pour le moment est votre forme physique ? Il n'existe absolument rien d'impur
ni en l'homme ni en aucune autre forme en ce monde. Tout ce qui existe, arrive
simplement. Les choses sont simplement ce qu'elles sont : c'est après l'apparition
de ces choses, formes, etc... que nous leur mettons des étiquettes : ceci est
bien, cela est mal ; cette chose est pure, celle-ci est impure ; cet homme est
blanc, celui-ci est noir, etc... Tout cela n'est que simple conception ! Qui
suis-je moi, lorsque, dormant profondément le soir, ces idées, pensées, conceptions,
convictions, certitudes, croyances, disparaissent ? Et si elles existent réellement,
pourquoi ne sont-elles pas présentes dans le sommeil profond ?
Comme beaucoup d'autres mots, celui de purification doit être effacé de votre
vocabulaire.
Au lieu de vouloir purifier l'Ego, il est préférable de réaliser qu'il n'existe
que parce que le SOI le permet. Découvrons qui se cache derrière l'Ego et le
chemin sera accompli !
6/ Comment un être ayant réalisé sa véritable nature, ne faisant qu'un avec
l'Absolu, étant en dehors du temps et de l'espace, peut-il s'intéresser au monde
manifesté et à ce qui s'y passe ? Comment peut-il même encore percevoir le monde
manifesté ?
R - Comprenons bien ceci : une personne ne peut
pas être libérée, mais au contraire, l'Etre Réalisé est libéré de la personne.
La différence est essentielle et il faut absolument s'imprégner de cette vérité.
Cette question concerne l'individu, l'ensemble corps-mental, c'est-à-dire la
forme que "les autres" perçoivent. En réalité cela ne se passe pas comme on
le croit. Il serait sage de répondre à ce genre de question en disant : "Réalisez
d'abord et vous verrez ensuite !"
On ne peut pas tout dire, tout expliquer lorsqu'il s'agit d'un état qui n'en
est pas un puisqu'il se situe dans la non-dualité et que nous parlons à partir
de la dualité, ce qui est inévitable. Le problème est toujours le même : les
gens voient un homme "réalisé", ils pensent qu'il est "réalisé", mais ils continuent
à voir un homme, un corps. Si l'on ne voit qu'un homme, on ne trouvera pas un
grand changement dans sa vie habituelle. Selon les Etres, ils continueront de
paraître physiquement comme avant, mais ceci ne concerne que les apparences.
En réalité, il en est tout autrement. L'Etre libre est libéré une fois pour
toute de son individualité, il est libéré de la personne de façon définitive
et disons qu'il regarde le film de la vie de cet individu qu'il a cru être comme
si c'était un rêve, sans plus. Lorsque vous sortez de l'état de rêve, vous pouvez
songer aux rêves que vous avez vécus durant cet état, mais vous n'y songerez
pas très longtemps, sachant très bien que ce n'était qu'un rêve. L'Etre qui
a réalisé sa véritable Nature, de la même façon, sortant de cet état que l'on
appelle "veille", constate que ce n'était en fait qu'un autre rêve et "assiste"
à la suite du film sans en être perturbé. L'écran n'est pas affecté par les
images qui s'y reflètent.
L'Etre réalisé ne dit pas qu'il perçoit le monde manifesté, parce que pour Lui,
il n'existe rien en dehors du SOI. Le SOI est la totalité du manifesté et du
non-manifesté et pour l'Etre libéré, il n'y a aucune différence, mais un tout
unique. Mais les mots n'exprimeront jamais ce qui n'est pas exprimable.
7/ Existe-t-il plusieurs niveaux de conscience ? Si oui, le rêve et le monde
manifesté sont-ils issus du même niveau de conscience ?
R - Oui, on peut dire qu'il existe plusieurs niveaux
d'inconscience.
Considérant que seul le Soi est la véritable conscience, il faut admettre qu'il
y a des personnes plus ou moins inconscientes de leur nature réelle.
Les états de veille et de rêve font tous les deux partie du monde manifesté.
La différence entre le rêve et la veille se situe uniquement dans la durée.
Peut-on voir le monde sans corps ? Peut-on voir le rêve sans corps ?
Non, la seule différence là encore, c'est le corps. Dans le rêve il s'agit du
corps astral et dans la veille du corps physique. Ce n'est pas ce qui est vu
qui est important, mais celui qui voit. Donc, les états de veille et de rêve
ne concernent que l'EGO ou individualité.
8/ Le concept de la recherche spirituelle implique qu'il y a un chercheur d'une
part et quelque chose de cherché d'autre part : il y a donc dualité. La recherche
serait-elle alors un obstacle à son propre aboutissement ? Faut-il arrêter de
chercher pour expérimenter le Soi ?
R - Il faut absolument comprendre, ou essayer d'avoir
toujours un regard porté un peu plus loin que notre raisonnement intellectuel.
Le raisonnement est indispensable, le besoin de comprendre également sinon,
il n'y aurait pas de recherche... Toutefois, nous ne devons jamais oublier qu'il
n'y a absolument rien à faire de particulier pour "expérimenter le SOI" puisqu'IL
est toujours, à chaque instant, "Expérimenté". Comme il n'existe absolument
rien "en dehors" du SOI et qu'il est toujours présent, c'est tout le reste (Monde,
individus, états, pensées) qui fait l'objet d'une expérience particulière, jamais
le SOI !
En réalité, on ne peut pas expérimenter le SOI parce que l'expérience n'existe
que dans et à cause de la dualité "expérimentateur-expérimenté". C'est pour
ces raisons que l'on dit que Connaître le SOI, c'est simplement ETRE le SOI.
Mais la recherche est malgré tout indispensable bien sûr ! Ce qu'il faut bien
définir, c'est le BUT de notre recherche : Que ou Qui cherchons nous ? Tant
que nous sentons au plus profond de nous le besoin de comprendre le But de la
vie, et de répondre aux questions que nous nous posons au sujet de notre condition
d'être humain, de la finalité de la "création", il y a recherche et c'est la
bonne voie. Il est indispensable de commencer par toutes ces questions et d'y
apporter des réponses, celles-ci ne seront pas toujours les mêmes, elles vont
évoluer lentement, proportionnellement à notre désir d'atteindre le But.
Mais, encore une fois, ce sont nos cinq sens qui expérimentent la manifestation
et les événements qui s'y déroulent. C'est pour cette raison que les Yogis (par
exemple) font tant et tant d'exercices pour maîtriser leurs sens et en devenir
finalement maîtres. Dans quel but ? Tout simplement d'aller au-delà. Aller au-delà
des sens, maîtriser les sens : tout cela pour dire que lorsque les sens sont
transcendés, tout ce qui va avec l'est également : c'est cela le travail pratique
d'une recherche. Celui qui a maîtrisé les sens de l'ensemble corps-mental ne
peut plus être identifié à l'individu parce qu'il n'y a plus possibilité d'expériences.
Tout a été réabsorbé à la source et il ne reste plus que l'Etre, c'est-à-dire
l'Existence pure qui est non manifestée mais qui pourtant permet qu'il y ait
manifestation, puisqu'elle est la base d'où tout provient et où en fait tout
revient.
Pour en revenir au dernier élément de la question, on peut dire en effet que
c'est quand la recherche prend fin que le SOI est simplement ce qu'il Est et
qu'Il a toujours été : la pure conscience d'Etre. Mais il ne faut surtout pas
arrêter volontairement la recherche, au contraire, il faut se battre de toutes
ses forces, de toute son Ame, avec la conviction que le BUT sera atteint. L'échec
est impossible pour celui qui veut absolument y arriver !
La recherche s'arrêtera d'elle-même lorsque le mental, las de lutter rendra
les armes ! Pendant des années, nous cherchons, sans trop savoir quoi, sachant
qu'il y a quelque chose, en nous, au plus profond de nous, qui nous appelle,
une vérité intérieure en quelque sorte. Alors nous partons à la recherche de
cette Vérité avec son flot de questions inévitables. Au fil du temps, notre
conception de la Vérité va changer totalement, les questions vont diminuer,
le raisonnement ne fonctionnera plus comme avant, les doutes vont diminuer.
En fait, à force de harceler le mental, de le forcer à se plier à notre volonté
; à force d'efforts répétés pour devenir maître des sens, nous deviendrons libres,
car ce que nous montre le monde, c'est que l'homme est esclave de ses sens !
Si nous parvenons à inverser ce processus, le plus gros du travail sera réalisé...
9/ Quels sont les moyens qui permettent de ne plus tout analyser de façon rationnelle,
de franchir cette barrière qu'est l'intellect pour le cheminement spirituel
?
R - En dehors de l'introspection, de l'investigation
qui ne peuvent être qu'intellectuelles, la méditation est un bon moyen de "mise
au calme". Mais ce n'est qu'un moyen et il ne faudra jamais l'oublier ! Mais
en fait, l'intellect n'est pas une barrière puisqu'il est malgré tout indispensable
à toute recherche. Il ne faut jamais perdre de vue que la recherche ne peut
être que subjective et qu'à partir de là, le seul handicap, la seule barrière,
c'est justement de penser qu'il puisse y avoir une barrière.
10/ "L'identification résulte du concept imaginaire d'une entité autonome indépendante
qui se croit l'auteur de ses actes et par ce fait prend livraison des actions
et de la responsabilité de leurs conséquences." Cela signifie donc que nous
n'agissons pas mais que les choses "arrivent" !
Cela implique-t-il que nous ne devons plus rien faire et que nous devons laisser
les événements agir sur nous ?
Au contraire, devons nous continuer à nous sentir responsable de nos actions
tant que nous sommes identifiés au corps ? Cela ne représente-t-il pas un obstacle
dans notre Quête de la Vérité ?
R - Qui pose de telles questions ? Pour dire que
nous n'agissons pas, mais que les choses arrivent, il faut être libre ou, comme
l'on dit, "réalisé". Avant ce jour, il est bon de le savoir, en arrière plan,
comme base de travail et uniquement dans ce sens. Sinon, cela ne veut absolument
rien dire. Celui qui entreprend une quête spirituelle ne doit tenir pour Vrai
que ce qu'il expérimente lui-même et prendre tout le reste pour des "on dit".
Il ne faut absolument rien accepter en dehors de ce que nous expérimentons.
C'est le meilleur moyen de réussir ! Il suffit de regarder l'histoire des religions
avec leurs montagnes de credos, leurs multitudes de rites, cultes, affirmations
de toutes sortes, que les hommes ont acceptés comme on est obligé d'accepter
qu'après le lundi vienne le mardi, c'est-à-dire passivement, pour se rendre
compte que cette façon de faire mène à la catastrophe et ne conduit pas l'homme
au But ultime, quel que soit le nom que l'on donne à ce But. Les religions,
philosophies diverses, etc... nourrissent le mental et donc la personnalité,
l'individu et fortifient l'Ego : comment pourraient-elles de ce fait parvenir
à un résultat qui, en l'occurrence, est de rendre l'homme libre ?
Quant à cet éternel problème qui consiste à dire : "si les choses arrivent et
que je n'y peux rien changer, alors, je ne fais plus rien !" La réponse est
simple : essayer ! Tant qu'il existe un individu, l'action est inévitable parce
que c'est un tout. Là encore, il est bon d'avoir cette éventualité en arrière
plan, comme base de travail, mais tant que l'on ne sera pas libéré de la personnalité,
ce ne seront que des mots...
Alors, en effet, doit-on se sentir responsable de nos actions tant que nous
sommes identifiés à cet ensemble corps-mental ? Nous sommes responsables de
ce que nous pouvons changer. Mais que pouvons-nous changer dans notre vie, dans
les événements qui se succèdent à chaque instant ? En réalité : Rien ! Nous
n'avons aucune emprise sur ce qui arrive, la seule chose que nous pouvons changer,
c'est notre attitude. En tant qu'individu, nous n'avons aucune responsabilité
quant aux événements qui se déroulent dans le monde. Mais, avant d'être libéré
de l'illusion provoquée par la dualité, tous ces mots, ces affirmations n'ont
certes aucun sens...
11/ Vous avez affirmé, après avoir répondu à mes questions, avoir découvert
les réponses en même temps que vous les lisiez ! J'aimerais savoir "Qui" a découvert
ces réponses ! En effet il ne peut s'agir de votre ego, ni de votre "corps-mental"
puisque vous êtes complètement "désidentifié". Il est clair pour moi que ces
réponses ont été directement dictées par le Soi avec lequel vous ne faites qu'Un.
La question reste donc entière : comment avez-vous pu "découvrir" les réponses
à mes questions ?
R - Ce genre de question n'a aucun intérêt en ce
sens qu'elle n'apportera rien qui puisse servir au progrès spirituel. Si, comme
il est dit dans la question, il est clair que ces réponses ont été directement
dictées par le Soi, où est le problème ? Mais, plus sérieusement, pourquoi essayer
de comprendre ce qu'est l'"Etat" d'un Etre réalisé quand on ne comprend pas
encore son état présent ? C'est tout simplement impossible ! Oui, l'homme libre,
le libéré, l'Etre réalisé, ou toute autre appellation, est désidentifié, mais
pas seulement de la personne, de l'individu, mais de l'ensemble de la manifestation.
Alors effectivement on peut dire, mais seulement quand on y est, que les choses
arrivent puisque l'on en est "témoin".
Mais le chercheur peut-il comprendre que tout cela n'est réel que pour celui
qui observe dans la manifestation ? Pour l'Etre réalisé, la vérité est simplement
qu'il ne se passe absolument rien !
12/ Est-il possible de s'intéresser à autre chose qu'au Soi lors de la quête
du Soi (amour, études, vie professionnelle, famille, etc...) ou faut-il abandonner
toute activité ou préoccupation extérieure pour ne se consacrer qu'au Soi ?
R - Avant de commencer une recherche spirituelle,
définissons bien Ce que nous allons rechercher. Certains l'appellent DIEU, d'autres
La Vérité, etc... Nous préférons dire le SOI qui est l'unique source du Bonheur.
Nous savons, au moins intellectuellement ce qu'Est le SOI : notre Vraie Nature,
Celle qui ne change pas, stable, éternelle, source de tout ce qui existe.
La recherche spirituelle est donc la recherche de soi-même, tout simplement.
Comment allons-nous procéder pour réaliser notre vraie nature ? Non pas en essayant
vainement d'accumuler des "connaissances", ni en voulant à tout prix accéder
à des "niveaux de conscience" imaginaires et de toutes façons inutiles, mais
en éliminant tout ce que nous ne sommes pas. A force de discriminer, de trier,
d'éliminer tout ce qui est provisoire, éphémère, donc irréel, nous verrons peu
à peu l'intérêt que nous portons pour le monde avec tout ce qu'il contient de
souffrances et de joies bien illusoires, disparaître lentement et faire place
à une PAIX intérieure que rien ne pourra jamais troubler.
Il n'est pas nécessaire, ni souhaitable d'abandonner nos activités, quelles
qu'elles soient pour partir en quête du SOI. Ce qu'il faut abandonner peu à
peu, c'est l'illusion d'être l'auteur des actes. Ce n'est pas simple au début,
mais les efforts répétés, le désir ardent d'arriver au But et une Foi à toute
épreuve nous donneront la victoire, car il s'agit bien d'une lutte ! On peut
donc dire en fait, qu'il ne s'agit pas d'abandonner nos activités, mais de faire
en sorte que ces "activités" nous quittent.
Oui, on peut s'intéresser à autre chose qu'au Soi, au cours de notre recherche
spirituelle, surtout au tout début. Avec le temps et disons les "progrès spirituels",
l'intérêt que l'on avait pour d'autres activités ou passions tiendra moins de
place parce que le Soi brillera davantage. C'est un peu comme un enfant qui
admire la lumière émise par une ampoule et qui, soudain, découvre le soleil
et son extraordinaire rayonnement. Il ne pensera plus jamais de la même manière
à la petite lumière d'une ampoule.
Souvent, nous donnons une importance exagérée à des choses qui en fait n'ont
qu'une importance toute relative. Ce que nous trouvions magnifique autrefois
ne nous intéresse plus aujourd'hui. Tout est relatif, tout change, rien n'est
stable. Alors quand il s'agit d'aller à la rencontre de La Vérité, il est certain
qu'elle nous attirera comme un aimant et qu'elle captivera toute notre énergie.
Tout le reste nous apparaîtra alors sous un autre jour, totalement différent.
En fait, lorsque l'on expérimente réellement que l'on n'est pas cet ensemble
"corps-mental" auquel nous nous sommes toujours identifiés, comment pourrait-on
s'intéresser à autre chose ? Car alors, tout est vu comme éphémère et vraiment
"tout petit", notre vision change totalement. Et puis, cette expérience peut
être faite assez rapidement, au cours d'une bonne méditation. C'est un réel
encouragement pour celui qui cherche !
13/ Dans quelle mesure est-il possible de comparer l'état de sommeil profond
avec la Conscience pure quand on sait que le premier est passager alors que
l'autre est atemporelle ?
R - La réponse se trouve en partie dans la question...
C'est vrai, l'on compare très souvent l'état de sommeil profond avec "l'état
initial", parce que nous comprenons mieux avec des exemples et celui-ci est
bon. En effet si nous arrivons à comprendre que durant le sommeil profond, et
bien qu'il n'y ait conscience ni du corps, ni du monde, ni de Dieu, nous existons
malgré tout, un grand pas sera effectué dans la bonne direction.
La comparaison ne se situe qu'à ce niveau cependant. Il est très simple de comprendre
que si nous continuons d'exister sans avoir conscience du corps, c'est que nous
ne sommes pas uniquement le corps. C'est ce que nous expérimentons chaque nuit,
au cours du sommeil profond, mais nous n'en gardons pas le souvenir...
Mais la comparaison est également trompeuse parce que le sommeil profond n'est
qu'un état, alors que le SOI se trouve au-delà des états et c'est pourquoi l'on
se presse d'ajouter que la réalisation ressemble au sommeil profond avec la
Conscience en plus... Ce qui en fait ne veut pas dire grand chose, mais c'est
ce qui se rapproche le plus de la réalité qui ne peut être exprimée.
Le sommeil profond n'existe que parce ce qu'existent également la veille et
le rêve, c'est-à-dire les trois états. Ce qu'il faut absolument comprendre,
c'est que ce ne sont pas les états qui importent, mais celui qui constate les
états, le Témoin qui se trouve, Lui, au-delà de tout état. Il n'existe qu'un
SOI, mais il existe plusieurs états. Si donc nous supprimons les états, que
restera-t-il ? Le Soi. Pendant l'état de veille, je suis, durant l'état de rêve,
je suis, au cours du sommeil profond, je suis encore : c'est le fait "Je suis"
qui ne change pas et ce sont les états qui changent sans cesse tout simplement
parce qu'ils n'ont aucune existence propre. Les états sont irréels en tant que
simples états, mais ils sont réels en tant que ce qui se présente à nous sous
l'apparence de ces états.
Tout le monde est habitué à dire : "j'ai bien dormi, j'étais heureux durant
mon sommeil" Mais tout le monde reconnaît également ne pas savoir ce qui se
passe durant le sommeil profond... Nous pouvons tirer deux éléments importants
de ces constatations : d'une part une impression de bonheur et d'autre part
l'inconscience, l'ignorance de cet état quand il se produit. Mais pour pouvoir
dire à l'état de veille "j'étais heureux durant le sommeil, c'était la Paix
parfaite", il a bien fallu que cette expérience se produise et qu'il y ait quelqu'un
pour l'apprécier ! Donc,la conscience existe réellement durant le sommeil profond,
mais elle n'est pas activée parce qu'il n'y a pas les formes perceptibles dans
l'état de rêve ou l'état de veille. La félicité éprouvée durant le sommeil profond
provient de l'absence de perception, les sens étant, disons, engourdis.
Il faut à nouveau préciser que la comparaison de "l'état de réalisation" avec
le sommeil profond concerne la félicité éprouvée pendant cet état, mais uniquement
son côté négatif parce que cette félicité est le résultat de l'absence de pensées
et qu'elle n'est que transitoire. Ce n'est donc qu'un petit aperçu, un flash
de la félicité suprême qui Elle est permanente.
14/ En quoi la voie de la dévotion peut-elle aider le chercheur ? L'adoration
d'un Dieu ou d'une personne extérieure à soi n'est-elle pas contradictoire avec
l'introspection et la compréhension de la non dualité ?
R - Tant que nous pensons être un corps particulier,
une forme déterminée, il n'y a aucun mal à adorer DIEU et à être donc un dévot.
Disons même que c'est une voie semée d'expériences sensibles, remplies d'Amour,
de Joie et de Paix et qui laissent dans notre coeur des marques que rien ne
pourra remplacer, du point de vue humain. Il n'existe rien de plus terrible
pour un chercheur que d'être "tiède", c'est-à-dire, uniquement cérébral, un
intellectuel qui ne serait qu'une "boite à raisonnements", aussi beaux soient-ils.
L'Ame est comme un instrument de musique, il faut donc la faire vibrer afin
qu'elle s'anime, danse, sorte de l'apathie dans laquelle elle se complaît trop
facilement. La méditation, les prières, les cultes, les dévotions etc... sont
autant de moyens pour accorder l'instrument. A nous ensuite de savoir à quoi
nous voulons l'accorder ... Et puis, il suffit de lire, par exemple "carnets
de pèlerinage" de Swami RAMDAS pour comprendre l'utilité de la dévotion dans
la recherche spirituelle.
D'autre part, une personne est toujours "extérieure" à soi puisque tout le monde
est persuadé d'être une personne. Dans l'Absolu, il n'y a ni extérieur ni intérieur
ni personne. Tout ce qui est objet d'expérience n'est en fait que conceptuel.
Comme tout concept, la dévotion a un côté positif et bien sûr un côté négatif.
Le "piège" de la dévotion, c'est évidemment d'en rester là, et c'est ce qui
se passe la plupart du temps... Sauf pour celui qui garde, en lui, un sens critique
qui n'accepte jamais la facilité intellectuelle. Celui qui cherche avec toute
son énergie et qui désire plus que tout au monde "trouver" finira par comprendre
qu'il existe de multiples voies, de très nombreuses méthodes et qu'en définitive,
il faut arriver à une "non-voie".
15/ Maharaj dit souvent à ceux qui viennent l'écouter qu'un certain type de
réceptivité est nécessaire à la compréhension véritable de ses paroles, il parle
souvent d'"aperception". Quels sont les moyens qui permettent d'atteindre ce
type de réceptivité? Comment la réception des paroles d'un Maître peut elle
se faire si celles-ci doivent être a-perçues (=non perçues) ?
R - Il ne faut surtout pas se compliquer la vie
au cours d'une recherche spirituelle... Les mots n'expriment pas toujours et
même rarement ce qu'il convient d'entendre. Disons tout simplement que seule
l'expérience, la pratique régulière, quotidienne, de l'introspection, nous amènera
à une compréhension intuitive et toute intérieure de ce que l'on lit ou entend
au sujet de cette Vérité que nous cherchons. L'intellect a son rôle à jouer,
mais avec la pratique, la compréhension intellectuelle, le raisonnement, feront
place à un état différent dans lequel les choses "arrivent". L'intellect qui
par nature "veut" comprendre, "veut" toujours, progressivement n'a plus besoin
de vouloir parce que la compréhension se fait toute seule de même que les nuages
s'éloignent dans le ciel et disparaissent lentement, faisant place à un ciel
d'azur, sans que l'on ait eu à faire quoi que ce soit.
16/ Comment se crée l'identification de la conscience au complexe corps-mental
? Une fois la naissance de cette identification connue, n'est-il pas possible
d'effectuer le processus inverse, c'est-à-dire de se désidentifier de la même
manière ? Une question reste alors, la conscience individuelle peut-elle être
consciente du début de l'"attachement" ?
R - L'absolu qui est non manifesté, non duel, se
manifeste en créant l'espace et le temps ; ce processus entraîne la dualité
et donc l'apparition d'une forme : il y a alors ce que l'on nomme "naissance".
Mais de quelle naissance s'agit-il ? Non pas de l'Absolu qui existait déjà,
mais de la forme particulière qu'il a prise. Il en est ainsi de toute vie dans
le monde manifesté et donc des êtres humains. C'est tout simple et pourtant,
la sensation d'être une personne, c'est-à-dire, en fait, une forme déterminée,
particulière, est très forte ! Mais là encore, il ne s'agit que d'une impression,
et cette impression n'est pas permanente puisqu'elle n'existe plus dans le sommeil
profond. Ce qui n'est pas permanent n'a aucun intérêt dans notre recherche puisque
nous recherchons la Vérité. Cette Vérité doit être permanente et la permanence
est notre vraie nature.
Pour ce qui concerne la personne - l'ensemble corps-mental - l'expérimentation
de la naissance n'existe pas. Le début de l'identification à une forme déterminée
est la sensation "je Suis". "Je suis" est une expérience qui ne peut être appréhendée
que dans la dualité. Bien que ce ne soit pas compréhensible, ce que l'on nomme
conscience est relatif au monde manifesté et à l'expérience que l'on en a. Or,
l'expérience ne peut concerner que l'état de dualité donc de l'individu, de
la personne, puisque pour qu'une expérience soit possible, il faut obligatoirement
l'expérimentateur et la chose expérimentée. C'est pourquoi il faut essayer de
"comprendre", mais c'est intellectuellement impossible, que ce que l'on appelle
"Absolu" ne peut jamais faire l'objet d'une expérience, quelle qu'elle soit.
C'est aussi pour cette raison que peu de chercheurs vont jusqu'au bout du chemin,
tant l'homme est attaché aux concepts que l'expérience est tout. En réalité,
l'expérience est très importante tant qu'elle est nécessaire, mais vient un
temps où même cela doit être dépassé.
17/ Lors de nos activités quotidiennes, nous sommes harcelés par un flot de
pensées et celui-ci semble continu, désordonné et souvent incontrôlable. Existe-t-il
un moyen, non pas de stopper toute pensée car ceci s'avère quasiment impossible
à faire, mais au moins de juguler ce torrent qui emporte tout sur son passage,
ou alors de l'orienter dans une direction donnée qui puisse être bénéfique à
la recherche spirituelle ?
R - Qui est harcelé ? En allant à la source des
pensées, celles-ci disparaîtront peu à peu, c'est une certitude. Il existe pour
cela une multitude de méthodes dont les principales sont la méditation et la
vigilance de chaque instant. En observant régulièrement les pensées, nous comprendrons
le fonctionnement du mental.
La maîtrise du mental est possible. L'ego peut "disparaître" parce qu'il n'est
qu'une ombre du Soi et qu'il n'a pas d'existence propre. Tant que nous lui donnons
de la nourriture (les pensées) il continuera à nous faire croire qu'il est notre
nature. Mais, lorsqu'il est privé d'alimentation, il s'efface et le Soleil (le
Soi) peut briller de toute sa splendeur. L'ego est un imposteur et les pensées
représentent sa forme.
Quant à orienter le mental, bien sûr, non seulement c'est à recommander, mais
c'est absolument indispensable et surtout au début, après, il sera habitué.
De même qu'un homme amoureux ne pense qu'à sa bien-aimée, celui qui est en quête
d'Absolu ne pense qu'à son objectif et la comparaison est loin d'être excessive.
Ce n'est qu'à ce prix, le prix d'une passion qui dévaste tout sur son passage,
que le but peut être atteint !
Il est absolument impossible d'envisager de "trouver la Vérité" sans être totalement
consacré à sa recherche et cette recherche ne peut être qu'une passion dévorante,
un feu qui nous consume, nous brûle, nous emporte comme une avalanche emporte
tout sur son passage. En fait, il faut être totalement fou. Mais dans ce monde
complètement insensé, où les hommes sont passionnés à l'excès par des quantités
d'activités passagères qui, c'est une certitude, les rendent plus esclaves que
libres, quelle est la meilleure folie ?
18/ Est-il nécessaire de faire des efforts pour réaliser l'Etre absolu ? La
notion d'effort n'est-elle pas contradictoire avec la spontanéité et l'inaction
qui sembleraient être plus indiquées à l'accomplissement d'une recherche ? Mais
d'autre part, une recherche sans efforts est-elle possible ?
R - On ne peut pas réaliser l'Etre Absolu pour la
simple raison que l'on est déjà cet Etre Absolu et que l'Absolu n'est pas expérimentable.
L'Etre est notre nature véritable. Ce que l'on pense être n'est qu'une surimpression
provisoire provoquée par la sensation "je suis", dans le sens "je suis une entité
particulière".
Par contre, les efforts sont indispensables pour réaliser que nous ne sommes
pas un individu avec une forme déterminée. Les efforts de chaque instant sont
nécessaires pour que cesse cette identification provoquée par la dualité "spectateur-spectacle".
Il faut beaucoup d'efforts (et le terme est très faible), pour que l'illusion
prenne fin et qu'enfin nous comprenions définitivement que nous ne pouvons pas
être ce que nous voyons...
Plus que dans toute autre recherche, la quête spirituelle est synonyme d'efforts.
Mais comprenons encore clairement que pour Etre, aucun effort n'est nécessaire,
mais comme nous sommes persuadés du contraire, faisons beaucoup d'efforts pour
le comprendre !
C'est pourquoi il est très important de bien définir ce que nous recherchons
réellement. Avant toute chose, que cherchons-nous ? Il faut au moins que le
But de notre recherche soit bien clair.
Du point de vue de l'Absolu, il est certain que Ce que nous cherchons, c'est
Nous. Partant de cette certitude, toute recherche de Soi est absurde. Est-ce
qu'une personne, assise sur une chaise, entreprend des recherches pour la trouver
? N'est-ce pas étrange ? Et pourtant, dans la recherche spirituelle c'est exactement
ce que nous faisons... Si nous pouvions comprendre cela...
19/ Dans la mesure où la non-dualité n'est pas compréhensible en dehors de l'expérience
directe, comment savoir si nos actions favorisent une situation ou un état propice
à la réalisation du Soi ? Est-il possible de le savoir ? Y a-t-il seulement
une influence quelconque de nos actions à ce sujet ?
R - L'expérience n'étant possible qu'en présence
de l'expérimentateur, comprenons bien qu'il n'existe jamais une expérience de
la non-dualité. Mais en fait on ne peut pas réellement le comprendre. Comme
le Soi est toujours et en permanence "réalisé", c'est plutôt lorsque les actions
cessent que nous sommes dans un "état" propice à la perception intuitive de
ce que nous sommes en réalité. Mais, là encore les mots sont insuffisants pour
comprendre, parce que dans ce que l'on appelle la "non-dualité", les actions
n'existent pas puisqu'il n'y a pas d'acteur. Où sont donc passées les actions
durant le sommeil profond ? et le corps, et le monde ? On compare très souvent
la réalisation au sommeil profond. C'est justement à cause de l'absence d'expérience
que cette comparaison peut être faite. Le Soi est au-delà de l'expérience, mais
il permet que celle-ci soit possible. Quant à "l'influence de nos actions"...
Que pouvons-nous changer au déroulement de notre vie ? Toutes ces questions
ne concernent en fait que l'individu, donc l'ensemble "corps-mental". Ce que
l'on appelle la recherche du Soi pose comme condition, au départ, de supposer
très sérieusement que nous ne sommes justement pas cette forme que nous percevons
et il ne faut jamais l'oublier ! Qui est concerné par les actions et qui peut
être influencé par elles ?
20/ Lorsque nous nous sentons découragés ou faisons preuve de relâchement dans
notre recherche, les encouragements ou les "reprises en main" nous viennent
du monde qui nous entoure, indépendamment de notre volonté, pour la réveiller.
Quelle est l'origine de ces manifestations extérieures ? Qu'est-ce que la volonté
?
R - Cette question est mal formulée. Comment des
encouragements pourraient-ils "venir" du monde "qui nous entoure" ? Le monde
existe-t-il de lui même, est-ce qu'il nous parle ? Cela n'a aucun sens. D'autre
part, les manifestations sont toujours extérieures puisqu'elles ne concernent
que le monde perçu par nos sens. Ce que l'on pourrait appeler des encouragements,
ce sont simplement des éclairs de conscience du Soi qui Lui, est toujours présent.
Le Soi est permanent et n'a besoin de rien pour Etre, mais comme nous l'oublions
pratiquement toujours, disons que le souvenir de notre Nature réelle est interprété
de manières différentes avec des noms et des formes multiples. De même, la "recherche
spirituelle" est par elle-même impossible, mais comme il faut des mots pour
désigner chaque chose, admettons ! Mais le mot "RECHERCHE" qui signifie chercher
à nouveau, suppose donc que nous avons déjà cherché... Alors prenons ce mot
à la lettre, il vient du latin circare qui veut dire "parcourir" : c'est mieux
ainsi parce que parcourir "notre vie", c'est suivre, visiter, dans toute son
étendue ou dans tous les sens ce qu'est réellement cette vie. A présent, le
mot "recherche" trouve son véritable sens.
Quant à la volonté... C'est l'action de vouloir et c'est bien là le propre de
l'homme ! L'homme veut en permanence et souvent même, il exige ! Pour ce qui
concerne la quête du Soi, la volonté est totalement illusoire et il est préférable
de remplacer ce mot par "Passion" ou "désir intense" ou encore "nostalgie de
notre nature réelle".
21/ Plutôt que de formuler des questions, je trouve plus profitable de me concentrer
sur la conscience d'être. Une telle attitude est-elle efficace, ou la formulation
de questions est-elle absolument nécessaire ?
R - Ce qui est nécessaire, c'est justement d'arriver
au point où il n'y aura plus de questions, mais de façon naturelle, sans effort
particulier, tout simplement parce que les réponses à nos différentes interrogations
auront été assimilées. Jusqu'à ce jour, il est "profitable" de formuler des
questions, mais surtout essentiel de bien Entendre les réponses...
Quant à la "conscience d'Etre", il n'est pas nécessaire de se concentrer pour
Etre. C'est pratiquement le contraire qui est vrai ! C'est lorsque la concentration,
c'est-à-dire l'effort, cesse que l'être Est ce qu'Il Est. Etre tout simplement,
sans mot pour le dire...
22/ Le japa est-il autre chose qu'une technique pour calmer le mental ? Se concentrer
sur autre chose peut-il avoir le même effet ?
R - Au cours de cette recherche spirituelle que
nous entreprenons avec une passion sans mesure et avec la ferme conviction de
parvenir au But, différentes pratiques sont utilisées et toutes, ont une utilité
à partir du moment ou nous en avons besoin. Lorsque nous avons épuisé une technique,
elle n'a dès lors, pas plus d'intérêt qu'une voiture sans roues... N'oublions
jamais que cette fameuse recherche est comme un chemin et que nos besoins changent
tout au long du parcours. Un nouveau né ne peut pas marcher et c'est pourtant
le même qui plus tard sera capable de courir. Il en est de même du cheminement
spirituel.
23/ Est-ce que seule compte l'intensité de la recherche, ou est-ce que les moyens
de la recherche ont aussi leur importance ?
R - L'intensité fournira les moyens. Seul le But
que l'on s'est fixé est important, les moyens sont secondaires. Il n'y a que
dans les religions qu'une importance exagérée est donnée aux moyens, mais à
trop s'attarder sur les moyens, on en oublie le But... Alors n'ayons pas peur
d'insister encore, seule la Passion sans mesure, la conviction que l'échec est
impossible et une intense nostalgie de cette sensation d'éternité que nous ressentons
au fond de nous, pour peu que l'on y prête attention, nous mèneront au But.
24/ J'ai très souvent l'impression de vivre dans le monde comme un acteur dans
une pièce de théâtre. Je trouve cela bénéfique car dans cet état je me sens
très serein. Faut-il entretenir cela, ou cela peut-il être un obstacle à la
recherche ?
R - Cette impression représente la réalité concernant
la manifestation du Soi dans un individu et il suffirait de passer de la simple
impression à l'expérience permanente pour "réaliser" ce que l'on est réellement.
Mais il ne faut surtout pas rechercher cette expérience passagère pour ressentir
une sérénité illusoire puisqu'elle n'est que sensorielle, mais plutôt parce
qu'elle est un éclair de ce qu'est réellement l'individu, c'est-à-dire un dispositif
psychosomatique qui n'a aucune emprise sur les événements qui arrivent quoique
l'on en pense. D'autre part, entretenir ces impressions reviendrait à s'y complaire,
il faut donc aller au-delà en se demandant, lorsque cette expérience survient
: "Qui expérimente ces impressions ?" Il n'y a aucun obstacle à la recherche
si ce n'est cette forte et tenace "impression" d'être une personne déterminée
qui pense agir dans un monde illusoire. Où se trouvent cette même personne,
ces mêmes actions et ce même monde lorsque nous dormons profondément ?
25/ La réalisation du Soi signifie-t-elle la disparition de l'ego, ou simplement
la conscience de ne pas être l'ego ?
R - Il existe une multitude d'exemples pour faire
comprendre ce qu'est réellement cette fameuse réalisation... Parmi eux, il y
a celui que tous les adeptes de l'Advaïta Vedanta (la non-dualité) connaissent
; cette reine qui pendant des jours cherche son collier de perles et qui est
désespérée de l'avoir perdu car il représente une immense fortune. Elle cherche
partout, elle veut absolument le retrouver, oubliant même de manger et de dormir.
Puis, un jour, un serviteur ne comprenant pas son inquiétude et lui ayant demandé
ce qu'elle recherche, lui fait remarquer que ce collier est autour de son cou...
La reine se rend alors compte de son erreur et exulte de joie d'avoir enfin
retrouvé ce collier. Voilà ce qu'est la recherche spirituelle : retrouver ce
qui a toujours été là, n'est-ce pas incroyable ? La reine a toujours eu ce collier
autour de son cou et pourtant, elle était persuadée de l'avoir perdu et en était
très malheureuse. Il en est ainsi du chercheur spirituel : un beau jour, il
sera fou de bonheur d'avoir retrouvé ce qu'il a toujours été !
26/ Qu'est-ce l'Amour dans la recherche spirituelle ?
R - Tant que nous n'aurons pas réalisé notre vraie
nature, nous ne comprendrons pas ce qu'est réellement ce que l'on appelle "l'Amour".
L'homme parle beaucoup de l'amour et depuis bien longtemps. Que de livres écrits,
que de discours... "Tu aimeras ton prochain comme toi-même", ce commandement,
ou tout simplement ce conseil de Jésus est bien connu, mais mal compris... Que
n'a-t-on pas dit au sujet de l'Amour ? Ce fameux Amour est un peu comme la politique,
très passionnant en théorie, mais pratiquement inexistant en pratique. Car dans
la vie quotidienne, où est cet Amour ? Et comment se porte le monde malgré cet
amour ? de plus en plus mal ! Alors que faut-il en conclure ? L'Amour n'est
possible que dans la dualité et il est aussi réel que l'individu dans le monde.
L'Amour, c'est uniquement un besoin vital de vivre et c'est la nature de toute
vie manifestée qui représente en fait l'Amour du Soi. Mais l'impression d'être
ce que l'on voit et donc de confondre le spectateur avec le spectacle, fait
que l'on s'identifie à tort à une forme particulière et c'est cette forme que
l'on Aime par dessus tout !
27/ "A force de harceler le mental, de le forcer à se plier à notre volonté,
à force d'efforts répétés pour devenir maître des sens, nous deviendrons libres..."
Qu'entend-on exactement par "maîtriser ses sens" ?
R - C'est vrai que cette "maîtrise" est indispensable
et tous les ascètes du monde ont montré que cette voie était efficace. Maîtriser
les sens, c'est simplement aller au-delà des impressions sensorielles. Aller
au-delà des impressions sensorielles c'est prendre conscience que toute expérience
ne peut être que sensorielle et qu'elle n'existe que dans la dualité. Notre
vraie nature ne peut jamais faire l'objet d'une expérience particulière et c'est
justement lorsque l'expérience prend fin que l'on Est tout simplement. Malgré
tout, l'homme est la plupart du temps esclave de ses sens et il est préférable
d'inverser le processus...
28/ Il me semble que la volonté se manifeste à travers le mental. Lorsque le
mental cesse son activité, il n'y a donc plus de volonté ?
Le libre-arbitre est-il une "illusion nécessaire" ?
R - La volonté est une impression et cette impression
est totalement illusoire. Mais qui est prêt à admettre cette éventualité ? Quelle
est l'activité du mental dans le sommeil ? Où se trouve la volonté quand nous
dormons profondément ? Quelle expérience a-t-on du "libre-arbitre" ? Tout cela
n'a aucun sens pour celui qui cherche sa véritable nature et qui ne doit tenir
pour vrai que ce qu'il expérimente directement et non par ouï-dire.
D'autre part, peut-on dire que l'illusion est nécessaire ou qu'elle ne l'est
pas ? Ce qui est certain, c'est qu'elle est inévitable pendant un certain temps.
Mais l'essentiel est de "comprendre" Qui est concerné par ce que l'on appelle
le "libre-arbitre"...
29/ Quel est le rapport d'un "Etre réalisé" à la souffrance physique ? Peut-elle
avoir une quelconque emprise sur lui et si oui, le fait de savoir que l'on n'est
pas ce corps permet-il de moins appréhender la douleur ?
R - Comme l'expression l'indique clairement, la
souffrance est justement physique. On peut même aller encore plus loin en disant
que la douleur concerne le corps et que la souffrance est mentale et résulte
de la peur de la douleur et de ses conséquences. Le problème est toujours le
même, on parle d'un Etre réalisé, mais on persiste à l'identifier à un corps
physique ! Bien sûr qu'un corps ressent la douleur, mais ce n'est pas le corps
qui est réalisé... On a réalisé que l'on n'était pas ce corps, c'est différent
! Par contre celui qui sait qu'il n'est pas ce corps physique ne peut plus appréhender
quoi que ce soit et donc, entre autres choses, la douleur. Mais ce genre de
question n'est pas utile au chercheur spirituel, que peut-elle lui apporter
? Il est préférable d'essayer de comprendre le mieux possible ce qu'est réellement
cette réalisation : Qui réalise quoi ?
30/ Il est souvent dit que pour que le chercheur atteigne son But, la présence
d'un GURU est indispensable. Celui-ci lui accorde alors une initiation ainsi
qu'une Upadesha (direction). En quoi consiste cette initiation ? Quelle est
alors la direction à suivre ?
R - On dit souvent n'importe quoi et la spiritualité
n'échappe malheureusement pas à la règle... Le But, c'est le Soi, c'est-à-dire
notre vraie Nature et cette vérité c'est simplement le fait d'Etre. L'Etre existe
en permanence et il est de ce fait toujours présent. Le Guru ne peut donc rien
donner de nouveau. Comme tout est déjà là mais que le chercheur ne le voit pas,
ne le comprend pas encore, le rôle du Guru va dans l'autre sens. Il montre au
chercheur ce qu'il n'est pas et il aide celui-ci à se débarrasser de tout ce
qui encombre la claire perception de ce qu'il Est réellement. C'est tout ! Mais
c'est beaucoup pour celui qui veut vraiment entendre... Pour résumer cette question,
nous redirons ce qui a été dit dans une précédente réponse : si notre désir
d'atteindre le But est grand, si notre Passion ne laisse aucune place à d'autres
passions secondaires, ne nous inquiétons jamais des directions que nous prendrons
parce que, de toutes façons, elles seront inévitables et nous conduiront au
But ultime.
31/ Sri RAMANA MAHARSHI assigne au "coeur spirituel" une localisation bien précise
dans le corps humain, c'est-à-dire dans la poitrine, à droite du milieu. Quelle
est la nature exacte de ce coeur spirituel ? En quoi sa localisation peut-elle
être utile au chercheur ?
R - Les paroles des sages s'adaptent toujours à
la personne qui pose la question et tiennent compte inévitablement de la réponse
que cette personne est capable d'accepter pour son évolution spirituelle. Si
la personne a encore besoin de localiser DIEU, ou le Soi, ou dans cet exemple,
le "coeur spirituel", on peut toujours aider le chercheur en indiquant un endroit.
Ramana, en donnant une localisation bien précise pour le "coeur spirituel" ne
faisait que confirmer certains textes védantiques que la personne avait certainement
lus. Il est simple de comprendre que ce qui peut être localisé ne concerne que
la forme. Ce que l'on appelle le "coeur spirituel", c'est simplement le Soi.
Mais tant que l'homme demeure identifié à son corps physique, il comprend mieux
avec des exemples formels.
En de multiples autres occasions, Ramana a dit très clairement que vouloir localiser
le Soi avait autant de réalité que de se prendre pour un corps particulier.
32/ Comment peut-on expliquer le changement qui se produit souvent, au fond
de nous lors d'une rencontre avec un Etre Réalisé ?
R - Le Darshan est l'instant privilégié par excellence,
mais l'européen a beaucoup de mal à le comprendre et c'est bien dommage. Plus
que toute instruction verbale, bien plus que toutes les pratiques spirituelles
et que toutes les lectures les plus merveilleuses, Etre en présence d'un Etre
réalisé, c'est en fait Etre en présence de Soi-même donc tout simplement, c'est
ETRE. Le jour où nous comprendrons cela, tout sera "vu" différemment et nous
comprendrons enfin ce qu'est le But de notre recherche. Mais combien sont prêts
à accepter ces paroles ? Il faut avoir renoncer totalement à soi, c'est-à-dire
à sa personnalité, pour bien entendre de telles affirmations et seul un chercheur
faisant preuve d'une Passion totale et d'une détermination inconditionnelle,
aura l'humilité nécessaire. Car, regardons cette démarche objectivement : l'homme,
même spirituel, et essentiellement dans la culture judéo-chrétienne, a énormément
de mal à considérer qu'un autre puisse en "savoir" plus que lui. C'est le propre
de l'être humain et il faudra l'admettre pour avancer sur le chemin. Il faut
absolument comprendre qu'un être "Libéré" comme le terme l'indique clairement,
est libre, totalement libéré de tout sentiment de discrimination et qu'il ne
peut jamais rechercher ni la gloire, ni la louange, pas plus d'ailleurs que
des disciples ; soyons-en totalement convaincus et tout ira beaucoup mieux.
Essayons également de comprendre, mais ce n'est pas évident, que nos critères
de jugement, de comparaison pour tenter de savoir si tel être est ou non réalisé,
seront toujours faussés par l'idée que nous nous faisons de la "réalisation",
sachant également que nos impressions, aussi grandes soient-elles, ne seront
toujours que des "impressions".
L'être réalisé n'a rien à prouver, rien à attendre du monde et lorsqu'il parle
du cheminement spirituel, c'est uniquement pour témoigner. Il sait également,
et de façon définitive, qu'il n'a absolument rien "réalisé" de particulier qu'un
autre n'aurait pas. Mais les hommes qui s'accrochent à la dualité ne peuvent
avoir qu'une compréhension dualiste de cette libération, et comment pourrait-il
en être autrement ? Pour "comprendre" l'état d'un être réalisé, il faut être
réalisé soi-même, il n'existe pas d'autre moyen. En attendant ce jour, mettons
tout en oeuvre pour y parvenir : cherchons de toutes nos forces et jusqu'à épuisement
s'il le faut ; lisons, prions, méditons à en perdre haleine, abandonnons-nous
totalement à notre désir intense de parvenir au But ultime et peu à peu nos
doutes feront place à une intuition qui ne trompe pas. Alors viendra le jour
où notre sens critique sera plus profond, mieux aiguisé et la confiance grandira.
Le disciple est toujours très exigeant, il juge, dose, compare et la plupart
du temps sur des bases très approximatives. L'être réalisé ne juge pas. Témoin
de l'Absolu qu'il sait Etre en permanence, il n'est qu'un simple miroir pour
celui qui a soif de cet Absolu. Il sait, sans aucun doute possible, que celui
à qui il parle n'est en rien différent de lui-même. Et c'est justement dans
cette parfaite non-dualité que ce que l'on peut nommer la "Présence", agit comme
un révélateur. Comprenons bien que seul le SOI est réel et qu'il n'existe rien
en dehors de Lui ; alors l'essentiel du chemin sera accompli.
Alors pour revenir à la question, que se passe-t-il durant le Darshan ? Et bien,
Il ne se passe justement rien, dans le sens "expérimentation habituelle", c'est-à-dire,
dans la dualité, et c'est cela qui permet une "perception" consciente beaucoup
plus intense du Soi.
Il est essentiel de comprendre ce qu'est réellement le Darshan et cette compréhension
ne peut être qu'intuitive. Durant le Darshan, abandonnons tout raisonnement,
toute intellectualisation : efforçons nous simplement d'être présent. Si nous
pouvions Entendre correctement ce conseil... Et puis, après le Darshan, nous
analyserons ce qui a été entendu, nous raisonnerons, nous méditerons, nous accepterons
ce qui nous semble intéressant et nous rejetterons ce qui ne nous convient pas...
Tout cela est bien normal et c'est ça le chemin spirituel, la Sadhâna !
Il est courant de dire que très peu de chercheurs parviennent à la Libération.
Mais la seule raison de ce petit nombre réside dans le fait que très peu ont
réellement le désir intense d'aller jusqu'au bout. La plupart du temps, on se
contente d'"expériences" parce que l'on ne veut pas se rendre compte que ces
fameuses expériences ne sont que des impressions ressenties par les sens. Tout
ce qui est sensoriel ne peut durer et de ce fait, une expérience, aussi merveilleuse
qu'elle puisse paraître, est toujours provisoire. L'étape suivante ne peut être
que la non-dualité.
33/ A quoi reconnaît-on un Etre réalisé ?
R - Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut
pas voir ! Cela veut dire qu'un chercheur sérieux, c'est-à-dire ultra passionné,
avide de vérité, animé du désir brûlant de parvenir au But ultime - et lui seul
- sera capable de reconnaître ce qu'en fait il recherche ardemment.
Il serait temps de comprendre que ce que l'on appelle "réalisation" ou "libération"
concerne le Soi et non la personne. L'être réalise qu'il n'est pas cette personne
qu'il a cru être si longtemps. L'être est libéré de l'illusion de n'être qu'une
personne physique. Comment cette "prise de conscience" pourrait-elle modifier
en quoi que ce soit l'aspect physique habituel de l'être réalisé ? Il n'y a
pas de label de qualité affiché sur un être réalisé et il se passe souvent le
contraire, mais là encore, il faut savoir regarder avec les "yeux" de l'âme,
au-delà des apparences. Dans la plupart des cas, l'aspect physique d'un Libéré
se dégrade et il n'offre à ceux qui ne voient pas au-delà des formes, rien qui
ne puisse attirer les regards. Par delà les fameuses apparences, l'être réalisé
est l'Unique Soi et donc la totalité de ce qui existe et il n'y a rien d'autre.
34/ Mais pourtant on parle souvent de la grâce du Guru, de l'aide indispensable
qu'il donne et comme on l'a vu, des bienfaits du Darshan ?
R - Le Guru ne donne rien au disciple, du moins,
rien de visible, rien de perceptible au moyen des sens physiques. Mais, ce qui
est certain, c'est que le fait de "reconnaître" son maître, de sentir intuitivement
qu'il a réalisé ce que nous recherchons encore, c'est cela la grâce. Si nous
passons notre temps à attendre, du haut de nos conceptions de ce que nous semble
être la réalisation, qu'un signe indiscutable s'offre à nos yeux, alors attendons
! C'est bien le contraire qui est vrai. Oui, cette grâce est le résultat d'une
vie de lutte, de prières, de méditations, de doutes, d'interrogations, de malaises,
d'états d'âme très pénibles.
Et c'est au moment où tout semble impossible, lorsqu'après avoir tout tenté,
tout mis en oeuvre, au prix parfois très élevé de sa santé, oui, c'est à ce
moment-là seulement que tombe le mur. Ce mur est le mur des pensées et des concepts
qui, las d'être attaqué, maltraité, secoué dans tous les sens, rend les armes,
il cède enfin. Et l'ombre fait place à la Lumière. L'ombre, c'est l'ego et la
Lumière est le Soi.
35/ L'être réalisé qui est totalement libéré de l'individualité, qui connaît
d'expérience sa nature réelle, n'est plus identifié à son corps de même qu'au
monde qui l'entoure. Participe-t-il encore aux événements de chaque jour ? Quelle
vision a-t-il du monde et des hommes ? Que représente, pour lui, la mort physique
? Est-il impatient de quitter son corps physique ? Eprouve-t-il de l'amour pour
tous les hommes ? Est-il totalement insensible aux malheurs du monde. Se réjouit-il
des événements heureux qui arrivent autour de lui et dans le monde en général
?
R - Réaliser sa vraie nature, c'est prendre conscience
que l'on n'est pas une forme déterminée. A partir de là, l'identification avec
cette personne physique que l'on a cru être pendant si longtemps, cesse et ne
peut plus revenir. Toutes les questions qui sont posées ne concernent pas l'être
réalisé, mais l'individu, la personne, que les autres continuent de percevoir
et malgré tout d'identifier à l'être réalisé. Pourquoi ne pas essayer d'imaginer
que celui qui est libéré n'est plus un corps, mais que ce corps fonctionne encore,
malgré tout ? Mais, pour résumer un peu et répondre tout de même à ces questions,
disons que l'être réalisé a une vision unifiée de l'ensemble de la manifestation,
sans échelle de valeurs. Pour l'être réalisé, seul le Soi est réel, tout le
reste est vu comme une surimpression passagère, comme un rêve est une surimpression
dans le sommeil. L'être réalisé n'est pas concerné par la mort physique pas
plus d'ailleurs que par la naissance puisque naissance et mort ne concernent
que le corps. Le corps a besoin de la vie pour exister, mais la vie n'a pas
besoin de corps pour être : ainsi en est-il du Soi.
Comment pourrait-il être impatient de quitter son corps puisque cet abandon
a déjà été réalisé une fois pour toutes ? Amours, bonheurs, malheurs, événements
heureux... Tant que le corps fonctionne, tout cela est perçu bien sûr, mais
c'est le mode de fonctionnement qui est différent. Celui qui est encore identifié
à l'ensemble corps-mental qu'il pense être est persuadé qu'il agit, qu'il peut
changer les choses, qu'il a une action quelconque sur les événements, etc...
L'être réalisé sait que l'individu est totalement vécu et que cette personne
n'est qu'une des multiples formes qu'emprunte la vie pour se manifester. La
différence est énorme et seule la réalisation nous le fera comprendre.
36/ Le rêve correspond-il à un état où le mental vagabonde de pensée en pensée
comme dans l'état de veille ? Dans ce cas le rêve est-il néfaste pour le chercheur
en quête du Soi ? La "réalisation" est-elle accompagnée d'une disparition de
l'état de rêve ?
R - C'est toujours la même confusion. Etre libéré,
c'est ne plus être identifié à l'ensemble "corps-mental" ni à aucune forme particulière
: c'est être en totalité, libéré de la personne. Donc, la réalisation n'est
accompagnée de rien ! L'état de rêve, comme les différents états, concerne l'individu
et les sens qui perçoivent ces états. L'individu continue à fonctionner comme
auparavant, il joue le rôle qui lui a été attribué à sa naissance par le metteur
en scène et donc, il mange, boit, dort, rêve éventuellement et, selon les apparences,
semble se comporter comme avant.
Le rêve n'est pas plus néfaste pour le chercheur que ne l'est l'état "dit" de
veille. L'important est justement de bien se rendre compte que l'un comme l'autre
ne sont que des états.
37/ Comment la méditation sur l'image (forme physique) du Guru (ou d'une Divinité)
permet-elle de comprendre la nature véritable de ce Guru ? Comment cette compréhension
peut-elle mener à la reconnaissance de la nature véritable de celui qui médite
?
R - Ce genre de méditation est essentiellement pratiquée
par les dévots. Pour ceux qui recherchent le Soi, c'est-à-dire leur vraie nature,
l'introspection est le chemin le plus simple et le plus direct. D'autre part,
la véritable nature du Guru c'est le Soi et cette nature sera connue en même
temps que sera découverte notre nature réelle, pas avant. Comprendre la nature
du Guru correspond donc à réaliser le SOI.
38/ Est-il préférable de méditer sur l'image du Guru ou alors sur le "Moi",
c'est-à-dire celui qui est témoin des pensées ?
R - Méditons pour trouver un calme favorable à l'introspection
qui suivra cet instant privilégié afin d'aller peu à peu à la source d'où jaillissent
les pensées et d'où tout concept s'élance. Si nous parvenons à la source, les
pensées disparaîtront d'elles-mêmes.
39/ "La quête du Soi permet :
· de découvrir son esprit immortel,"
· de se fondre dans l'être plus vaste qu'est son Ame,"
· la dissolution de l'individu dans l'Atman c'est-à-dire l'un sans second."
Dans ces trois expressions, quelle différence y a-t-il entre esprit, âme et
atman ? Les deux premiers n'ont-ils pas une connotation plus "individuelle "?
R - Toutes ces expressions sont utilisées différemment,
selon la culture, les religions ou systèmes philosophiques et n'ont pas toujours
la même signification. Pour nous, le SOI et notre nature réelle, éternelle et
non manifestée qui prend le nom de Moi lorsqu'elle se manifeste. Le Moi, c'est
l'ego ou l'âme qui anime le corps physique.
40/ Lorsqu'on est à la recherche de notre véritable nature, ne risque-t-on pas
de s'identifier à une entité individuelle telle que l'âme plutôt que de reconnaître
la non-dualité de toute chose ? Comment faire pour éviter ce piège ?
R - Il n'existe aucun piège pour celui qui veut
réellement connaître sa vraie nature.
41/ Lors du passage de l'état de veille à l'état de sommeil, juste à la limite
entre ces deux états, surviennent parfois des "accès de joie" dont on a pleinement
conscience. Quelle est la nature de ces "accès" ? Comment se fait-il qu'ils
apparaissent à cet instant précis ?
R - Un état succède à un autre état. Que cette transition
se passe dans la joie ou non, cela ne présente aucun intérêt.
42/ L'investigation du SOI est-elle supérieure à la méditation pour parvenir
au But ultime ?
R - Il a déjà été répondu à cette question de nombreuses
fois... Citons un verset d'Ulladu Nârpadu Anubandham, un des poèmes de Ramana
MAHARSHI, qui traite de la nature de la Réalité. Ce verset dit :
"L'état suprême, objet d'éloge, que l'on peut atteindre ici-même, en cette vie,
par la claire investigation du Soi qui s'élève dans le Coeur quand on bénéficie
de la compagnie d'un Etre réalisé (jnani), ne saurait être atteint ni en écoutant
des prédicateurs, ni par l'étude et la connaissance des écritures, ni par des
actions vertueuses, ni par un quelconque autre moyen."
Le sens de ces paroles est très clair et il est à prendre à la lettre. Lisez
et relisez ce verset et comprenez !
43/ Pourquoi Swami POONJAJI insiste-t-il autant sur le fait qu'il n'y a absolument
rien à faire, sinon à rester tranquille ? Il dit également : "pas de recherche,
pas de guru, pas d'enseignement". Et cependant, il donnait le Darshan presque
tous les jours et a affirmé que la rencontre avec un Etre réalisé était indispensable.
R - Cela semble contradictoire, mais ça ne l'est
pas. Il est indispensable de bien faire comprendre au chercheur que pour "Etre"
le SOI, il n'y a rien à faire de particulier. Le fait d'être est simple et naturel
et personne ne peut douter un seul instant qu'il existe. Comme ce que tout le
monde cherche en le nommant de différents noms est le SOI et que c'est notre
véritable nature, c'est dans ce sens qu'il n'y a rien à trouver de nouveau,
rien à découvrir que nous ne sommes déjà et donc pas d'efforts à faire. Connaître
le SOI, c'est Etre le SOI. Il est impossible de connaître le SOI, parce que
la connaissance est intellectuelle et donc mentale. Tout ce qui est connu n'est
pas le SOI, de même que toute expérience est mentale et donc conceptuelle.
Si cela est bien enregistré, allons plus loin. Donc, nous venons de le redire
une fois de plus, le SOI est déjà présent, nous sommes, en ce moment même, le
SOI. Il ne peut donc faire l'objet ni d'une recherche ni d'une quelconque découverte.
Et c'est dans ce sens que l'on peut affirmer qu'il n'y a rien à faire et rester
tranquille, c'est-à-dire Etre simplement.
Pas de recherche, pas de Guru, pas d'enseignement. Nous l'avons compris, ceci
concerne le SOI, notre véritable nature. Cette compréhension doit être très
forte, par la pratique elle deviendra une forte conviction. Cela est indispensable
et essentiel puisque cette conviction est la seule qui doit rester à la fin
de notre cheminement pour ensuite disparaître à son tour. Soyons convaincus
que nous sommes réellement le SOI, ici et maintenant. A chaque instant, nous
expérimentons le SOI et c'est cela le paradoxe puisque toute recherche du SOI,
alors que nous le sommes déjà, va nous conduire partout sauf là où Il est en
permanence... La difficulté réside essentiellement dans l'illusion de la recherche
de quelque chose de nouveau, d'inconnu. Encore une fois, comprenons bien ce
que cela signifie et le chemin sera court.
Par contre, tout ce qui vient d'être dit est juste vu depuis le SOI et c'est
l'état de l'être réalisé. Mais, pour celui qui est encore identifié à l'ensemble
corps-mental, il existe bien une recherche, un Guru et un enseignement :
RECHERCHE oui, mais de ce que nous ne sommes pas (étant admis au départ que
nous sommes le SOI).
GURU : celui qui a accompli la traversée et qui, connaissant le chemin, peut
nous guider dans la compréhension erronée que nous avons de notre nature réelle.
ENSEIGNEMENT : montrer le faux comme faux pour enfin être ce que nous sommes
réellement, le SOI. L'enseignement essentiel étant : "Vous n'êtes pas votre
corps, découvrez ce que vous êtes réellement !"
44/ Pourquoi tous les Gurus affirment-ils que le monde n'est pas réel, que le
corps n'est pas réel, qu'il n'y a pas "d'autres", et qu'en fait tout ce qui
est perçu n'a aucune réalité ?
R - L'Etre réalisé voit l'existence dans un tout
que l'on nomme Unité. On ne peut pas réellement comprendre cet état parce que
le mental qui est l'outil de notre compréhension n'a jamais et n'aura jamais
l'expérience du SOI. De ce fait il ne peut être question de compréhension lorsque
l'on parle du SOI. Et cela, nous devons absolument le comprendre avant d'aller
plus loin.
RAMANA MAHARSHI expliquait très bien ce qu'est la réalité en disant : "Ce qui
n'est pas permanent ne vaut pas la peine que l'on se donne tant de mal." "Ce
qui apparaît et disparaît n'est pas réel." La réalité est donc ce qui ne change
pas, stable, permanent, éternel. Partant de cette certitude, si l'on élimine
tout ce qui est impermanent, il ne restera plus que la vie consciente, le simple
fait d'être qui est toujours présent, dans les trois états, veille, rêve et
sommeil profond. Le fait d'être, sans identification particulière, est le Soi
et il n'y a rien d'autre de permanent.
On peut donc en déduire une méthode très efficace et qui, de plus, est la seule
directe : si l'on observe attentivement notre existence en tant que cet ensemble
corps-mental ainsi que le monde dans lequel nous vivons et qu'ensuite, consciencieusement
et avec détermination, nous éliminons un par un tout ce qui n'est pas permanent,
la recherche sera terminée. Ce n'est pas plus difficile que cela. Alors, pourquoi
ne pas le faire ici et maintenant ? Là aussi, la réponse est simple : parce
que nous sommes toujours attachés à ces fameuses tendances mentales que nous
croyons indispensables alors qu'en fait nous en sommes simplement esclaves.
La vie individuelle, c'est-à-dire de l'ensemble corps-mental que chacun est
bien persuadé d'être, n'est qu'une succession d'impressions dans le mental.
Toute expérience est sensorielle et dépend entièrement de l'expérimentateur.
Ces impressions mentales ne sont jamais permanentes puisqu'elles cessent au
cours du sommeil profond. C'est Celui qui expérimente qui est toujours présent
et donc permanent et c'est Cela que nous devons découvrir. Si l'individualité
avec ses cinq sens, si DIEU, si le monde et l'ensemble de ce qui est perçu à
l'état de veille sont réels, ils devraient être également perçus durant le sommeil
profond.
Ce qui est réel n'apparaît ni ne disparaît : la réalité Est en permanence et
Cela, Je le suis.
45/ Lorsque l'on bénéficie de l'aide d'un GURU, celui-ci n'a de cesse de nous
répéter la Vérité, c'est-à-dire que nous ne sommes pas le corps-mental, mais
que nous sommes déjà le SOI. Pourquoi cette Vérité ne nous apparaît-elle pas
alors comme évidente ? Quels sont les obstacles qui nous empêchent de voir cette
Vérité, même si le GURU met le doigt dessus constamment ?
R - Tout simplement parce que La Vérité ne peut
pas "apparaître". En effet, si cette vérité apparaissait, cela supposerait qu'elle
disparaisse également. Ce qui apparaît et disparaît n'est pas permanent : cela
ne peut donc être le SOI. Lorsque l'on entend une telle affirmation on se dit
que c'est évident. Pourtant, on l'oublie bien vite parce qu'en fait il n'est
pas possible à l'intellect de "comprendre" ce qui le dépasse.
D'autre part, à qui cette vérité que nous sommes le Soi, n'apparaît-elle pas
comme évidente ? Au mental , c'est-à-dire à l'ego, et donc à l'individu. Le
SOI ne peut douter de lui-même et il est donc toujours évident et expérimenté
en permanence, nous sommes toujours le SOI. Mais, comme nous sommes actuellement
identifiés à une conscience particulière réduite à une personne bien définie,
nous croyons, à tort, ne pas expérimenter pleinement le SOI. En fait, ne pas
"voir" que nous ne sommes que le SOI, c'est comme une petite bulle dans l'océan
qui prétendrait qu'elle existe toute seule, sans la présence de cette gigantesque
étendue d'eau... L'océan est la réalité et la petite bulle n'est qu'une excroissance
bien éphémère : l'océan, c'est le SOI et la petite bulle est l'ego.
De plus, rappelons-nous à chaque instant de notre investigation que le SOI ne
résulte pas d'une prise de conscience quelconque. Lorsqu'il y a prise de conscience,
c'est de ce que nous ne sommes pas en permanence. Le SOI ne peut faire l'objet
d'aucune expérience particulière et il n'est pas quelque chose de nouveau qu'il
faille découvrir. Partant de cette forte conviction, nous comprendrons mieux
que, bien que nous soyons persuadés au plus profond de nous-mêmes d'être le
SOI, cela ne sera jamais évident comme le fait de se coincer le doigt dans une
porte. La douleur ressentie au doigt est une expérience sensorielle et sera
donc évidente. La conviction, même très forte d'être le SOI n'est pas une expérience
sensorielle - bien qu'elle soit à la base de toute expérience - et dans ce cas,
il ne peut être question d'évidence. Comprenons bien la différence car elle
est essentielle.
Pour conclure, on peut dire que cette vérité d'être uniquement le SOI sera évidente
le jour où nous serons cette Vérité, parce que ce jour-là il n'y aura plus personne
pour poser une telle question. Le SOI est la Vérité, il est l'Evidence même,
mais uniquement : évidence d'Etre et non pas d'être quelque chose.
Quant aux obstacles qui nous empêchent de voir cette Vérité que nous sommes
le SOI, ce sont toujours les mêmes et nous venons d'en parler. Le plus gros
obstacle est bien sûr de croire à tort que quelque chose pourrait nous empêcher
d'Etre. Je Suis, cela est le Soi et personne ne doute d'exister. Je suis telle
personne, cela est l'ego, ce n'est pas permanent et ce qui n'est pas permanent
n'est pas réel.
Nous ne pourrons jamais "comprendre" le SOI, c'est-à-dire ce que nous sommes.
Par contre, nous pouvons très facilement, par l'introspection intérieure, comprendre
ce que nous ne sommes pas où encore, ce que nous ne sommes que par intermittence.
Il faut donc procéder par élimination, à l'exemple de RAMANA : Suis-je ce corps
? Suis-je ces cinq sens ? Suis-je le mental ? etc... Si nous procédons ainsi
avec une forte conviction, à la fin, il ne restera que notre nature véritable,
le SOI. Soyons en bien convaincus et pour le reste, il n'y a rien à faire de
particulier.
46/ ANNAMALAI SWAMI dit : "Si vous voulez la pleine félicité du SOI, vous devez
renoncer à tous vos désirs et attachements". Faut-il même renoncer au désir
d'une recherche spirituelle ainsi qu'à l'attachement au GURU ? Sont-ils eux
aussi des obstacles à la reconnaissance de notre véritable nature ?
R - La seule pensée qu'il puisse exister des obstacles
à la réalisation du SOI est à elle seule le plus gros obstacle. Si le SOI était
éloigné, il y aurait un chemin nous permettant de l'atteindre et sur ce chemin,
nous pourrions rencontrer de nombreux obstacles comme dans la vie de chaque
jour. Mais comme le SOI se trouve là où nous sommes, et que nous n'avons donc
aucun chemin à parcourir, où pourrait-il y avoir des obstacles ?
Pour être le SOI, il n'y a rien à faire de particulier puisque nous sommes déjà
le SOI. Et c'est en ce sens que l'on dit qu'il n'y a pas besoin de recherche.
Mais puisque, pour le moment, nous pensons être un individu particulier, dans
un corps, dans le monde et qui, de plus, agit, travaille, est attaché à une
famille, à des pensées particulières etc... il convient de rechercher pourquoi,
bien que nous soyons convaincus au plus profond de nous-mêmes de ne pas être
que cela, nous continuons à nous complaire dans ce rôle qui s'achève inévitablement
par la mort de l'individu.
C'est là que réside le problème : pourquoi persistons-nous à nous identifier
à notre corps, sachant qu'il ne peut rien nous apporter de durable ? La question
n'est donc pas de savoir comment être le SOI. Ce genre de question peut être
posée par un débutant. Mais lorsque l'on ressent fortement que nous sommes certainement
autre chose qu'un simple corps, la question essentielle est la suivante : Si
je ne suis pas cet ensemble corps-mental : QUI SUIS-JE ?
La recherche est indispensable, l'introspection est nécessaire puisqu'elle nous
conduit à nous poser cette question essentielle sur notre véritable nature :
Qui suis-je réellement ? Mais comprenons bien que cette fameuse recherche concerne
l'individu et qu'elle se fait avec l'aide du mental. Nous ne pouvons donc pas
rechercher le SOI, ni donc Le trouver : qui pourrait bien Le trouver ? Mais
cette recherche va consister à examiner tout ce qui, à priori, nous fait croire
que nous sommes autre chose que le SOI. C'est en fait une longue enquête qui
procède par élimination. Lorsque nous aurons éliminé tout ce que nous ne sommes
pas (l'impermanent), il ne restera plus que ce qui est permanent : le SOI, l'Etre
simplement, pure présence, existence infinie que le mental ne pourra jamais
"comprendre".
Les attachements sont le résultat d'impressions laissées dans le mental par
le plaisir et la souffrance et concernent l'individu. Si l'on cherche sérieusement
l'origine de l'attachement, on constatera à la fin qu'en fait, c'est à nous-mêmes
que nous sommes attachés et donc tout simplement à la Vie. L'attachement est
le résultat des peurs que nous accumulons par nos habitudes mentales, la plus
grosse peur étant la peur de ne plus être que l'on appelle la mort. Au lieu
de renoncer à nos attachements, comprenons ce qu'ils signifient, quelle est
leur origine et enfin qui est concerné par ces attachements. Ne peut être attaché
que celui qui est lié. Je suis le SOI et le SOI est libre. L'individu ne peut
être libre et restera toujours esclave des attachements des sens. Libérons-nous
une fois pour toute de l'identification erronée à l'individu que nous ne sommes
que par intermittence et les attachements disparaîtront comme ils disparaissent
au moins une fois par jour, au cours du sommeil profond !
Quant à l'attachement au GURU... c'est un peu différent. On ne peut pas parler
d'attachement si l'on comprend bien que le GURU, l'être réalisé, n'est pas un
corps. Si le disciple n'a pas encore compris que lorsqu'il parle avec le GURU,
il n'a pas, en face de lui, un individu, mais l'unique SOI qu'il est également,
l'attachement peut effectivement exister. Avec le temps, la confiance et la
persévérance, tout s'arrangera. Et même s'il y a attachement, il est certain
que celui ci n'est pas mauvais et qu'il cessera de lui-même en temps voulu...
47/ Au cours de l'auto-investigation quotidienne, comment peut-on faire la différence
entre :
· d'une part la pensée : "Je suis le Soi", qui ne reste qu'une pensée provenant
de l'ego,
· d'autre part la conscience véritable d'être le Soi ?
R - Cette question est La question primordiale et
elle n'est pas posée très souvent... La seule réponse possible à cette question
est La réalisation ! En effet, pour faire une différence, comme il est dit dans
cette question, entre d'une part la pensée : "Je suis le Soi" et d'autre part
"la conscience véritable d'être le Soi" il faut qu'il existe une entité pour
laquelle les différences sont possible. C'est l'ego qui soulève de tels problèmes
et qui perçoit des différences et c'est bien normal. La dualité "spectateur-spectacle"
résulte de l'identification au corps qui se produit chaque matin, au réveil
: Je... dans mon corps... dans le monde. Avant le réveil, où se trouvaient les
différences ? Où se trouvait ce corps que nous sommes persuadés d'être à présent
? Où se trouvait ce monde à qui nous donnons tant d'importance au réveil ?
Mais essayons d'aller plus loin. La conscience individuelle est toujours conscience...
de quelque chose. Quand il s'agit du SOI, il ne peut être question de conscience
dans le sens habituel parce que le SOI ne peut pas être conscient de quelque
chose. Pour reprendre les termes exactes de la question : "la conscience véritable
d'être le SOI" c'est être le SOI. Etre conscient d'être le SOI n'est pas possible
parce qu'il faudrait alors qu'il y ait deux SOI, le premier étant conscient
du deuxième... Mais rassurons-nous tout de même car, bien que cela semble contradictoire,
il n'existe pas d'autre moyen d'investigation. La recherche est mentale et comment
pourrait-il en être autrement ? Tant qu'il y a identification au corps, c'est-à-dire
à l'individu, il existe bien quelqu'un qui cherche quelque chose et qui pense
que ce qu'il cherche est différent de lui-même. Lorsqu'il aura trouvé ce qu'il
cherche et seulement à ce moment, il comprendra que Lui seul existe et qu'il
n'y a rien en dehors de Lui. Tout ce que l'on peut comprendre est du domaine
mental et n'est donc pas permanent, mais le Témoin de cette compréhension est
réel et permanent et nous sommes ce Témoin !
C'est vrai, se dire "je suis le SOI" n'est qu'une pensée provenant de l'ego,
mais les pensées n'ont pas toutes la même valeur ! Pour celui qui cherche sa
véritable nature il est préférable d'avoir cette pensée très fortement ancrée
en lui, à chaque instant ; plutôt que de penser, comme le font - par exemple
- les chrétiens : "je suis perdu, je dois être sauvé, je suis un pauvre pécheur...".
La pensée "Je suis le SOI" est indispensable parce qu'elle représente La Vérité.
La pensée : "Je Suis le SOI" est la seule qui corresponde à notre nature véritable.
Si nous sommes réellement déterminés dans notre recherche et que de toutes les
innombrables pensées qui se présentent à nous depuis tant d'années, il ne reste
un jour que cette pensée-là, elle deviendra pratiquement impersonnelle et informulée
et c'est elle qui s'imposera à nous pour ensuite disparaître et se fondre dans
le SOI.
48/ Au cours de la journée, l'auto-investigation, c'est-à-dire la concentration
sur le Soi, ne dure qu'un certain temps. En effet, au bout d'un moment, suite
à un court instant d'inattention, le mental reprend le dessus et avec lui son
flot de pensées. Quel est le meilleur moyen d'être concentré en permanence sur
le Soi ?
R - En étant Le SOI uniquement... C'est vrai, la
concentration ne dure qu'un temps. Mais existe-t-il quelque chose de permanent
pour le mental ? Non : dans le mental, les pensées - qui ne sont que des impressions
passagères - vont et viennent sans cesse, mais ne sont jamais stables. Par nature,
le mental ne peut demeurer longtemps concentré et d'autant plus sur "le Soi"
car il ne peut lui donner une forme. C'est pour cette raison que l'auto-investigation
ne peut jamais être permanente. Seul le SOI est permanent. Ce qui apparaît et
disparaît n'est pas permanent, mais Celui qui est témoin de cette impermanence,
qui constate cela, est le SOI. Mais en fait, qui recherche, qui se concentre,
qui manque d'attention, qui a des pensées ? Qui a conscience de ces phénomènes
? Le mental, ou conscience personnelle ! Suis-je cette conscience personnelle
? Non parce que cette conscience personnelle n'est pas permanente, elle est
présente dans les états de veille et de rêve, mais elle est absente dans le
sommeil profond.
Alors le meilleur moyen d'être concentré en permanence sur le Soi, c'est de
comprendre que ce n'est pas possible ! "Je suis le SOI en permanence" est La
Vérité. Le Soi n'est pas un objet sur lequel nous pourrions nous concentrer
et c'est important de le comprendre. Cultivons l'attitude TEMOIN, simplement
être présent à soi-même, c'est tout et c'est si simple ! La concentration peut
certes nous aider, mais l'essentiel est de réaliser non pas qui est concentré,
parce que cela est bien compris, mais QUI permet que cela soit possible ?
49/ L'ego est-il présent lors de la phase de sommeil profond ?
Si oui, est-ce lui qui nous permet de dire au réveil: "j'ai" dormi ?
Si non, comment se fait-il qu'il réapparaisse dans les phases de rêve et d'éveil
alors qu'il avait disparu dans la phase de sommeil profond ?
R - Non, l'ego n'est pas présent lors du sommeil
profond. Pourquoi l'ego réapparaît-il, que ce soit dans l'état de veille ou
l'état de rêve ? Parce que c'est sa nature d'apparaître et de disparaître...
Seul Le SOI n'apparaît ni ne disparaît : Il Est tout simplement.
Au cours du sommeil profond, l'ego est absent, réabsorbé dans le SOI. On dit
couramment qu'il est en sommeil. Mais peu importent les termes, ce qui est certain
c'est qu'il n'est pas actif et c'est pour cette raison qu'il ne peut se souvenir
de l'état de sommeil profond puisqu'il ne l'expérimente jamais. La mémoire est
un processus du mental et le mental n'étant pas présent, il ne peut donc pas
y avoir souvenir. Par contre, pour affirmer, au réveil : "j'ai bien dormi" il
fallait bien qu'une certaine conscience, informelle certes, ait été présente
et cette "conscience informelle" est le SOI. Là où rien n'est expérimenté, parce
que le processus d'expérimentation - l'ego - est inactif, là se trouve le SOI
et Je suis CELA en permanence, au-delà du temps, au-delà des formes et au-delà
de tout concept.
50/ Comment se fait-il qu'il existe des périodes où le mental est très actif
et empêche quasiment toute recherche et d'autres où cette recherche est plus
aisée ? Quelle attitude faut-il avoir vis-à-vis du mental lorsque sa force empêche
toute auto-investigation ?
R - Parce que ces périodes n'existent que dans le
mental. Pour le SOI, c'est-à-dire notre nature réelle il n'existe ni périodes
d'activité, ni périodes de non-activité, il n'y a rien en dehors du SOI et dans
le SOI, il ne se passe jamais rien. Toutes les expériences qui ont lieu au cours
d'une journée sont en fait des impressions qui se heurtent à notre mental. Le
seul problème, c'est que nous sommes persuadés que ces impressions nous sont
destinées et c'est pourquoi nous en prenons livraison.
Le mental a la force que nous voulons bien lui donner. Remettons-le simplement
à sa simple petite place de figurant très provisoire, petite ombre du SOI, impermanent,
turbulent, inconstant, etc... et il nous perturbera de moins en moins. Citons
encore et encore ce merveilleux conseil de RAMANA et entendons-le comme il faut
: "si l'on observe d'où surgit la notion "JE", le mental est absorbé en CELA"...
Observer, c'est être simplement TEMOIN. Témoin de quoi ? d'Etre ! Seul le SOI
existe et le plus merveilleux et c'est un comble : l'ego le sait parfaitement
! Mais le seul moyen dont dispose l'ego pour continuer d'exister séparément,
c'est de simuler l'ignorance. C'est pour cette raison que le chercheur doit
observer, aussi souvent qu'il le peut, d'où lui vient cette sensation extrêmement
forte d'exister, parce que cette sensation d'Etre ne peut, en aucun cas, venir
de l'ego ! Quand la nature de l'ego sera comprise, l'ego disparaîtra pour toujours.
51/ Comment peut-on savoir si l'auto-investigation est menée de façon correcte
? Existe-t-il des moyens pour le chercheur de se rendre compte qu'il est bien
sur la bonne voie ?
R - En allant jusqu'au bout ! Mais le chemin que
l'on suit est toujours le bon chemin. Quelle que soit la manière de procéder
l'investigation sur notre véritable nature, ce qui est entrepris nous conduira
au But ultime. Oui, il y a quelques repères qui nous encouragent au cours de
notre recherche, telle la Paix intérieure, la foi dans ce qui est entrepris,
la confiance grandissante de notre conviction que la réalisation est possible.
Mais essentiellement une détermination de plus en plus forte qui, telle une
tornade, écarte tous les obstacles sur son passage. Rien ne résiste à la détermination.
Mais pourquoi douter, à présent, d'être sur la "bonne voie" ? Les livres parlent
souvent de la grâce, cette fameuse grâce ! On a tout dit sur la grâce, mais
surtout n'importe quoi... Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que la confiance
est indispensable. Alors bien sur, confiance en quoi ? Mais tout d'abord en
soi-même, confiance dans le But que nous voulons plus que tout atteindre, et
puis confiance en ceux qui, avant nous, ont réalisé cette vérité que nous souhaitons
tant découvrir !
Qu'est-ce donc que la grâce ? C'est par exemple ressentir, au plus profond de
notre être une réserve latente de Bonheur inexprimé mais très puissant au point
de parfois nous submerger totalement, faisant disparaître toute pensée, toute
formulation, tout concept, toute individualité et pourtant nous permettant,
aussi court que soit cet instant, d'être réellement heureux alors même que les
sens sont absents !
Mais le degré ultime de cette grâce arrive, lorsque, par exemple - et quel exemple
! - nous entendons parler d'un Etre d'exception comme RAMANA MAHARSHI... Si
l'on pouvait comprendre cela... Mais, en fait, comprendre réellement RAMANA
MAHARSHI, c'est réaliser le SOI. En attendant ce jour, il faut tout de même
insister sur l'importance de la rencontre avec un tel Etre, parce que cette
rencontre est La Rencontre ! Il n'y a plus rien après, il n'y a rien au dessus
! N'hésitons pas à lire, à relire, puis à méditer, puis à expérimenter, les
paroles de RAMANA et alors nous ne pourrons plus douter que nous sommes sur
la bonne voie ! Comment, alors que nous connaissons RAMANA, que nous avons goûté
ses paroles si puissantes, si essentielles, si vraies en résumé ; alors que
nous sommes persuadés qu'il dit vrai et qu'il parle bien de ce qu'il vit réellement,
comment peut-on encore douter d'être sur la bonne voie ?
Nous avons le droit de douter au cours de notre recherche, il ne faut jamais
accepter systématiquement ce que l'on entend, mais lorsque l'on se trouve en
face de la Réalité, et que cette Réalité, manifestée par exemple en RAMANA,
est évidente, comment peut-on encore douter et se demander si l'on est sur la
bonne voie ? Le chercheur sérieux, avide de trouver, animé d'une ardeur à tout
rompre et qui a vu RAMANA, même un court instant, sur une simple cassette vidéo,
a Vu la Vérité manifestée dans ce corps fatigué, tordu, tout fragile, mais si
naturel, si simple, si translucide : et au-delà de cette forme, une PRESENCE
tellement évidente, tellement rayonnante, tellement libre, qu'elle nous subjugue,
qu'elle nous appelle, qu'elle nous dit tout simplement, dans un langage subtil
informulé : Je suis le Soi que tu cherches depuis si longtemps, sans même le
savoir. Tu es toi aussi Cela !
52/ Pendant les périodes d'auto-investigation, lorsque le mental est bien calme,
il m'arrive, pendant un bref instant, de perdre toute notion d'espace et de
temps et d'être envahi par un immense bien-être. D'où provient cette béatitude
? Quelle est sa signification ? Pourquoi ne dure-t-elle qu'un bref instant ?
R - Tout ce qui arrive ne peut pas durer, cela ne
peut être qu'impermanent. Tout état, toute expérience, toute impression aussi
agréable soit-elle, est sensorielle ; de même qu'elle est arrivée, elle repartira
inévitablement comme l'ego apparaît au réveil et disparaît dans le sommeil profond.
La béatitude, comme toute réelle expérience de Bonheur qui envahit tout notre
être au point de nous faire perdre toute notion d'espace et de temps, vient
du SOI et de Lui uniquement. La béatitude nous rappelle notre véritable nature
et nous incite à La retrouver. N'oublions jamais que, malgré qu'une expérience
soit sensorielle, elle ne peut exister que parce que le SOI en est la base permanente.
Tout ce qui existe est le SOI et donc son expression.
53/ Lorsque l'on se questionne au plus profond de soi-même sur l'origine des
pensées, la réponse la plus souvent obtenue est : "de nulle part", ou "elles
apparaissent simplement". La source des pensées ne nous apparaît pas comme très
bien définie. Cette constatation suffit-elle à démontrer l'inexistence de l'ego
? Quelle est ensuite la prochaine étape qui permet de prendre conscience du
SOI ?
R - C'est vrai, la source d'où proviennent les pensées
ne nous apparaît pas comme très bien définie... parce que le processus par lequel
nous essayons de trouver cette source est mental et que le mental, ou ensemble
des pensées, ne peut se trouver lui-même. L'important est : qui pose cette question
? Et puisque les pensées alimentent le mental qui lui-même n'a aucune existence
sans les pensées (comme dans le sommeil profond) reconnaissons une fois pour
toutes que ce n'est pas le mental qui est à la base de notre recherche et des
questions qui s'imposent à nous : c'est le SOI ! La Base de tout ce qui existe
est le SOI et nous sommes Cela en permanence, que le mental soit ou non présent
. En fait, rappelons-nous que la source de tout ce qui existe est le SOI et
uniquement le SOI. Effectivement, constater que la source d'où surgissent les
pensées est quelque chose de totalement impalpable, de totalement flou et en
résumé d'inexpérimentable parce qu'en fait c'est bien cela : oui, cette constatation
est la vérité en ce qui concerne l'ego ou mental.
Cette remarque est très importante et il faut y repenser souvent : La source
d'où s'élèvent les pensées, comme il est dit dans cette question, "ne nous apparaît
pas comme très bien définie" représente bien l'expérience que l'on a de cette
recherche qui est en réalité impossible... L'origine des pensées - ou source
- n'est pas bien définie tout simplement parce qu'elle n'existe pas réellement.
Donc, la seule expérience possible à ce sujet est tout simplement le fait d'en
prendre conscience. Et prendre conscience que c'est une impasse est en réalité
l'expérience indispensable à faire.
Comme l'a dit très souvent RAMANA : "si l'on observe d'où surgit la notion "JE"
(ce qui revient au même que chercher la source...), le mental est absorbé en
CELA". Et CELA est le SOI. Ce n'est pas facile pour un débutant, mais pour un
chercheur sérieux et réellement déterminé, peu à peu, cette observation attentive
et passionnée de la source d'où surgissent les pensées, laissera la place à
une sensation d'immensité. Et le petit "je" du départ, le "je" de l'individu,
disparaîtra devant l'unique SOI, comme une poupée de sel qui, rentrant lentement
dans l'océan, se dissout totalement et n'existe plus en tant qu'entité particulière,
mais en tant qu'Océan. Il en est exactement de même pour l'ego qui recherche
le SOI... Si les efforts sont continus et bien dirigés, l'ego finira par se
dissoudre dans le SOI parce qu'il n'y a pas d'autre solution. L'ego n'a absolument
pas le choix : ou bien il continue d'être alimenté par nos pensées et alors
il vit et agit en patron ; ou bien nous essayons de démasquer l'usurpateur en
le traquant continuellement et tout naturellement, il rendra les armes parce
qu'il ne pourra pas lutter indéfiniment. Son existence dépend uniquement de
la réalité que nous voulons bien lui accorder. Si nous prenons conscience qu'il
n'est que l'ombre bien éphémère du SOI, il disparaîtra définitivement.
Et il n'y a bien sûr pas de prochaine étape puisque trouver la Source, c'est
réaliser le SOI. Cette question est donc bien La question essentielle. C'est
à partir du SOI que surgit l'univers tout entier et c'est en Lui qu'il disparaît
chaque soir dans le sommeil profond. Ce qui apparaît puis disparaît, n'est pas
permanent et ce qui n'est pas permanent ne peut nous donner Le Bonheur. Alors
à quoi bon s'accrocher à une ombre ? Observons cette source d'où surgissent
les pensées, observons le Témoin, celui qui se pose de telles questions et inévitablement,
un jour, il ne restera que l'unique SOI.
54/ "Tout ce qui n'est pas permanent ne vaut pas la peine de se donner tant
de mal..." Cette affirmation de RAMANA MAHARSHI signifie-t-elle que rien ne
devrait avoir de l'importance à nos yeux, excepté le SOI, ou au contraire que
nous devrions attacher de l'importance à tout en tant que manifestation du SOI
?
R - En fait, les deux réponses peuvent être données.
Cela dépend de quel point de vue on se place. Si l'on considère l'individu uniquement,
c'est-à-dire l'être humain : tout est important. Inutile d'ajouter "en tant
que manifestation du SOI" car en fait, cela ne veut pas dire grand chose.
La réponse que donne RAMANA a sans aucun doute été faite à un chercheur sérieux,
prêt à entendre une réponse qui représente malgré tout la réalité. C'est RAMANA
qui affirme que ce qui n'est pas permanent ne vaut pas la peine de se donner
tant de mal. Ce n'est pas un homme politique, ni un commerçant, ni un homme
d'affaires, non, c'est un être réalisé. Donc la réponse qu'il donne est faite
du point du vue d'un Etre qui n'est plus identifié avec le principe corps-mental.
Ce n'est pas le point de vue d'un individu, ni un avis quelconque, c'est La
Réalité expérimentée en permanence, la Réalité du SOI. Cette affirmation n'est
pas interprétable, elle dit bien ce qu'elle veut dire, seulement rappelons-nous
qu'elle ne relève pas d'une expérience sensorielle et donc du mental. La poupée
de sel qui rentre dans l'océan et se dissout instantanément reste consciente
d'Etre, mais pas d'être une poupée de sel puisque cette poupée a totalement
disparue, mais d'Etre en tant qu'océan... Comment à présent pourrait-elle attacher
de l'importance à cette forme de poupée de sel qu'elle eût jadis ? Cet exemple
nous fait comprendre facilement que ce que l'on trouve aujourd'hui "important",
demain risque fort de nous faire sourire...
55/ La prise de conscience de notre véritable nature n'est-elle réellement qu'une
question de volonté ? Cela signifie-t-il que tous les chercheurs pourraient
réaliser ce qu'ils sont réellement en le désirant de tout leur coeur ? Pour
ceux qui n'y arrivent pas, leur volonté n'est-elle pas assez forte, ou est-il
possible qu'elle ne soit pas dirigée dans le bon sens ?
R - C'est en réalisant que l'on n'est pas cet ensemble
"corps-mental" que l'on sera ce que l'on est déjà à présent : le SOI, stable,
éternel, source de tout Bonheur et avec tous les qualificatifs dont parlent
tous les livres... Cette prise de conscience est-elle le résultat d'un acte
de volonté ? Si cela veut dire que c'est volontairement que nous recherchons
ce que nous sommes : alors Oui, mais cette réponse nous fait-elle progresser
d'une quelconque façon ?
Toutefois, puisque tous les Etres réalisés insistent tant sur les termes : "ferme
détermination", intense désir", "forte passion" et bien d'autres encore, ce
n'est certainement pas par hasard ! Faisons leur confiance parce qu'ils savent
de quoi ils parlent. Ce n'est peut-être pas la volonté qui est le plus important,
mais l'intense nostalgie du Bonheur, mais d'un Bonheur durable. Et comme rien
n'est permanent sinon la sensation d'Etre, on finira obligatoirement par "trouver"
le SOI. Ajoutons, pour aller dans le sens de la question, qu'il faut effectivement
être plus que déterminé, plus que passionné. Seuls les excessifs arriveront
au But.
C'est également vrai que la "volonté" de trouver sa nature réelle peut ne pas
être dirigée dans le bon sens. Mais c'est bien normal car il faut passer par
bien des épreuves, bien des voies, bien des souffrances pour accéder enfin à
La voie, la toute dernière, celle dont l'issue est nous-mêmes. Donc, en fait,
la voie prise actuellement est toujours la bonne en ce sens que dans l'instant
où nous la suivons, c'est qu'elle nous est destinée. Il n'y a donc en réalité
pas de mauvaise voie mais tout au plus, des voies qui elles aussi finiront toutes
comme la poupée de sel dans l'océan...
56/ Pourquoi est-il si facile d'être profondément absorbé dans ses pensées et
au contraire si difficile d'être absorbé dans le SOI alors que celui ci est
notre état naturel ?
R - Parce qu'il est totalement impossible d'être
absorbé dans le SOI ! Mais ce qui est possible et souhaitable, c'est de ne plus
être absorbé par les pensées. Mais traduisons absorbé par identifié. C'est parce
que l'on est identifié à l'ensemble corps-mental et donc aux pensées que l'on
confond l'ETRE qui est le support, avec le paraître qui n'est qu'une impression
mentale. D'autre part, le SOI n'est pas "notre" état naturel : Il est L'Etat
Naturel, comprenons bien la différence parce qu'elle est essentielle. Il est
l'Etat Naturel seul, Il est tout qui Est et l'intellect n'est pas capable de
le comprendre. Ce que nous devons absolument comprendre (et cela est facile
avec une forte détermination) c'est que ce que nous prenons pour la réalité
en ce qui nous concerne, à savoir un individu, dans un corps, dans le monde,
avec des pensées, des peurs, des désirs, des besoins etc... n'est qu'un concept
qui apparaît chaque matin, au réveil, et disparaît chaque soir, dans le sommeil.
Il n'y a rien d'autre à comprendre. La recherche spirituelle n'est un long cheminement
que parce que nous pensons, à tort, que c'est un cheminement. Si, dès à présent,
nous nous demandons avec fermeté et conviction, qui parcourt ce chemin, nous
ne trouverons personne sinon un concept. Une fois l'image effacée, il ne restera
plus que l'Ecran.
57/ Dans "Ellam Onru" (Tout est Un), il est dit que si on suppose que les trois
états (veille, rêve et sommeil profond) forment ensemble un long rêve, notre
véritable nature représente le réveil mettant fin à ce rêve. Comment le rêveur,
qui s'identifie totalement à son "long rêve", peut-il se rendre compte qu'il
est en fait celui qui dort ? En d'autres termes, comment le rêveur, étant au
sein de son rêve, peut-il s'en extirper pour pouvoir enfin se réveiller ?
R - En se posant justement ce genre de questions
!
Ce que l'on appelle "la recherche spirituelle" est un processus mental et relève
uniquement de l'intellect. Tout ce que l'on dit sur les trois états, veille,
rêve et sommeil profond, représente un très bon exemple pour faire comprendre
que pour expérimenter ces différents états, il faut bien que quelqu'un ou quelque
chose soit présent en permanence. Seul quelque chose de permanent peut constater
l'impermanence d'autre chose. Ce qui est permanent est le Témoin et c'est le
SOI. Ce qui est impermanent est mental et s'exprime par des expériences sensorielles
qui, comme leur nom l'indique, ne peuvent exister que par l'intermédiaire des
sens. Alors une question se pose : sommes-nous nos sens ? Ou sommes-nous Celui
qui constate qu'une telle question puisse se poser ? Si nous étions nos sens,
où serions-nous pendant le sommeil profond, là où il n'y a justement pas de
"sens-ations" ?
Comprenons également, pour la dernière partie de la question, que nous n'expérimentons
jamais le fait de nous endormir pas plus que le fait de se réveiller, cela se
produit lorsque la dualité "spectateur-spectacle" disparaît ou apparaît. Il
n'y a alors plus d'expériences puisque pour qu'une expérience soit possible,
il faut obligatoirement être deux : celui qui expérimente et la chose expérimentée.
Cela n'est donc possible que dans la dualité.
L'instant précis du réveil n'est en réalité pas perceptible si l'on observe
attentivement cet instant. Ce que nous prenons pour le réveil arrive quelque
temps après et il s'agit plus exactement du processus perpétuel de l'identification
au corps, puis à tout ce qui nous entoure : Je, dans un corps, dans le monde...
58/ Pourquoi la réceptivité à la grâce du GURU varie-t-elle selon les périodes
? Est-ce que le fait d'être moins réceptif à cette grâce peut être due à une
hyperactivité du mental ? Que faut-il faire pour augmenter cette réceptivité
?
R - Pourquoi ne fait-il pas toujours beau ?
Le soleil brille en permanence et pourtant nous ne le voyons pas toujours parce
qu'il y a souvent des nuages ou tout simplement la nuit. De même, ce que l'on
appelle la grâce du Guru n'est pas quelque chose qui arrive et qui repart, cela
est présent en permanence.
Tout ce qui est expérimenté est sensoriel et dans ce domaine, rien n'est stable,
cela change tout le temps. Cette réceptivité n'est en fait que notre attention
à Ce qui Est. CELA Est en permanence, mais parfois, nous l'oublions, tout simplement.
Le simple fait de s'en souvenir avec intensité nous ramène au SOI et bien sûr,
nous avons l'impression que Cela est revenu. C'est vrai au point de vue des
sensations que nous en avons, mais c'est faux pour ce qui concerne le SOI qui
Lui est stable. Il ne va ni ne vient, Il Est.
59/ Il est souvent rappelé que la recherche du SOI n'est pas une question de
temps puisque l'on est déjà, ici et maintenant, ce que l'on cherche. Mais il
me semble que seul le temps peut, avec la pratique spirituelle, détruire nos
fausses identifications, nos vâsanas, et atteindre ce que l'on nomme une maturité
spirituelle. En effet, je sais que je ne suis pas ce corps et que ma véritable
nature est Pure Conscience ; cependant, le temps est nécessaire afin de me détacher
progressivement de mes fausses identifications. Ainsi, l'intensité de la recherche
et le temps seraient les deux facteurs à prendre en compte dans la recherche
du SOI.
En est-il autrement ? Le Samâdhi est-il possible si de telles tendances subsistent
?
R - Oublions pour le moment le Samâdhi. Etre le
SOI n'est pas une question de temps, mais Le rechercher demande obligatoirement
du temps puisque cette recherche, qui suppose que l'on ne L'a pas encore trouvé,
a un commencement (l'idée qu'il faut rechercher le SOI), une durée (la recherche
par elle-même : la sadhâna) et une fin (la libération ou réalisation). Toute
recherche n'est possible que dans la dualité et le propre de la dualité c'est
d'exister grâce justement à "l'espace-temps".
Tout n'est que concept et la dualité réside uniquement dans le fait que nous
pensons être un individu, un ensemble corps-mental. Cette idée serait vraie
si elle était permanente, mais elle ne l'est pas puisqu'elle ne résiste pas
au sommeil profond.
Abordons à présent un point très important à comprendre. Lorsque tu dis, dans
la question posée : "je sais que je ne suis pas ce corps et que ma véritable
nature est pure conscience". De quel savoir s'agit-il en fait ? Quelle est cette
connaissance dont tu parles ? Car en fait, si vraiment tu sais que tu n'es pas
le corps et si tu sais également que tu es pure conscience : alors tout est
bien, où pourrait-il y avoir un problème, tout est accompli !
Tout cela, simplement pour dire que cette connaissance dont tu parles n'est
réellement qu'un concept, qu'une idée, une conviction aussi forte qu'elle soit.
Ce savoir, cette connaissance relèvent du mental qui, lui, n'a aucune réalité.
C'est la raison pour laquelle, le fait de "savoir" que je ne suis pas ce corps,
pas ce mental, mais que je suis pure conscience, est une aide, une aide très
efficace, mais ce n'est toutefois qu'un concept puisqu'il ne me permet jamais,
en aucun cas d'avoir une totale conscience d'être le SOI. C'est uniquement lorsque
l'identification avec le corps cesse que ce que l'on nomme "Connaissance" disparaît
à tout jamais...
La connaissance est toujours intellectuelle, mentale et ne concerne que le spectateur
(l'ego) et le spectacle (le monde). Mais si l'ego disparaît, la vision du monde
cesse immédiatement.
Pourquoi songer au temps qu'il nous faudra pour Réaliser ? Celui qui est totalement
déterminé à connaître sa véritable nature ne devrait penser qu'à une seule chose
et s'y maintenir en permanence jusqu'à la victoire finale.
Par exemple ceci : RAMANA affirme que si l'on observe d'où surgit la notion
"JE", le mental est absorbé en Cela... Alors, après cette superbe affirmation
qui devrait nous faire tomber de notre siège chaque fois que nous l'entendons
! que faut-il faire ? Tout simplement mettre en pratique cet extraordinaire
conseil qui est, en lui-même la maladie et le remède ! Pourquoi perdre son temps
et son énergie à se demander combien de temps nous devrons mettre pour y parvenir
? Pratiquons avec détermination, sans faire intervenir volontairement ni le
facteur temps ni aucun autre facteur... Soyons convaincus que RAMANA a raison
et faisons-lui tout simplement confiance et alors, il n'y aura besoin de rien
d'autre : croyez fortement cela !
60/ Quelle est la légitimité de la notion de "progrès spirituels" puisqu'il
ne s'agit pas d'un individu qui obtiendrait une qualité supplémentaire par rapport
à une hiérarchie préétablie, mais bien plutôt d'un être qui se débarrasse de
son individualité ?
R - L'individu qui entreprend une "recherche spirituelle"
avec ardeur, progressera inévitablement sur ce chemin, heureusement ! Ce qu'il
reste à déterminer, c'est : vers quoi progresse-t-il ? S'il s'agit d'une connaissance
intellectuelle, ou d'un savoir théorique, à quoi bon ? Tout cela pour dire que
la notion de recherche du SOI est illusoire, nous le savons, il faut à présent
bien le comprendre et s'en souvenir en permanence ! Et que signifie "un être
qui se débarrasse de son individualité" ? On ne se débarrasse pas de cette individualité,
mais on réalise l'inexistence de celle-ci. On peut dire également que nous voyons
réellement que cette identification, tellement forte, n'était en réalité qu'un
concept. Dans le monde des formes, c'est-à-dire dans la dualité, nous tentons
sans cesse d'expliquer ce qu'est réellement le SOI et la compréhension qui en
résulte ne peut être que fausse puisque faite avec l'aide de l'ego...
Comment pourrait-il en être autrement ? Donc, n'essayez jamais de doser, de
mesurer vos progrès spirituels, ce serait à coup sur l'échec ! Ne songeons donc
pas à cette notion de progrès spirituels parce que ce ne sont en fait que des
impressions dans le mental. Au contraire, cultivons notre détermination, fabriquons
des canaux d'irrigation pour étancher sa soif. Ces canaux sont par exemple l'observation
"JE SUIS", l'observation du jaillissement de la sensation "je suis" au réveil
etc... Voilà des "armes" pour "vaincre le mental et tuer l'ego" Il n'est vraiment
besoin de rien d'autre.
Le véritable progrès, c'est en fait arriver à être certain que, n'étant pas
un individu particulier, les progrès ne me concernent en rien. Mon But ultime,
c'est de n'être plus que l'unique SOI. Alors commençons par écarter tout ce
qui ne le concerne pas, progrès, temps etc... JE SUIS LE SOI nous dit RAMANA,
ici, maintenant et c'est tout ! Si nous parvenons à faire confiance à celui
qui affirme cela, nous éviterons bien des détours.
Pour terminer cette question, insistons bien sur le fait essentiel que si le
SOI se trouvait dans un lieu très éloigné de nous-mêmes, nous pourrions fort
logiquement songer au temps qu'll nous faudra pour parcourir le chemin qui nous
en sépare, de même qu'aux progrès accomplis pour faire correctement ce chemin.
Mais, le SOI n'est ni près, ni éloigné, il est Moi-même. Il est ainsi simple
de comprendre que les notions de temps et de progrès n'ont pas leur raison d'être...
61/ Alors que presque chaque jour est source d'expériences nouvelles, j'ai du
mal à savoir si les détachements nécessaires à la réalisation du SOI s'effectuent
ou non. Je veux dire par là qu'il est extrêmement frustrant et décevant de faire
l'expérience d'un état de paix et de plénitude, et de se réveiller tous les
matins en s'identifiant encore avec ce corps et ce mental.
Existe-t-il un moyen d'être conscient des "résultats spirituels" obtenus sur
le plan de l'identification au corps ? La raison d'être de cette question est
que j'ai peur de "stagner" sans m'en rendre compte et de continuer malgré moi
à m'identifier à ce corps.
N'y a-t-il que deux alternatives : l'ego est ou n'est pas ; ou bien l'ego est-il
progressivement affaibli et comment alors s'en rendre compte ?
R - En te réveillant, demain matin, ne pense pas : "je
me suis éveillé", mais constate simplement : "l'état de veille succède à l'état
de sommeil, mais moi je suis toujours là, je n'ai pas bougé : simplement un
état a succédé à un autre. Je ne suis concerné par aucun d'eux". Il est nécessaire
de cultiver l'attitude témoin. Plus je serai témoin, moins je serai affecté,
concerné, perturbé, par les diverses sensations qui arrivent en permanence.
Pour celui qui entreprend la recherche du SOI, il n'y a qu'une seule alternative
: l'ego n'a pas d'existence, seul le SOI Est. De même que le soleil permet qu'existe
l'ombre, le SOI permet qu'existe l'ego. L'ego est la forme visible et donc manifestée
du SOI. L'ego n'est donc qu'un reflet du SOI. Alors, est-ce que c'est l'ombre
qui chauffe la planète ou bien le Soleil ?
On peut se rendre compte de ce que l'on est en tant qu'individu, c'est-à-dire
en réalité, de ce qui n'est pas constant. Ce que l'on est réellement, on ne
peut que l'Etre et cela ne peut être compris puisque, lorsque l'on EST tout
simplement, l'intellect ou ego n'est plus.
62/ Vous rendez-vous compte de l'évolution spirituelle de chacun ?
R - Dans le monde de la dualité, il existe des différences
et même des individus qui paraît-il ne se ressemblent pas.
Pour Celui qui n'est plus identifié à aucun concept et qui Est le SOI, la diversité
créée par la dualité n'apparaît plus. Le monde de même que les individus sont
moi-même et ne peuvent "être perçus" que comme étant le SOI. Mais peut-on comprendre
cela ?
63/ Je me rends compte que la vie humaine nous permet cette chance suprême de
pouvoir réaliser notre véritable nature. Or, quelquefois, je suis tenté de faire
partager à certaines personnes qui me semblent disposées ou intéressées à "entendre
la vérité", la conception que j'ai de celle-ci. Mais je ne crois pas que ce
soit à moi d'en juger. Comment faire alors ? Dois-je refuser d'en parler à ces
personnes qui semblent vivement intéressées par les livres sur RAMANA qu'ils
voient dans ma chambre ? Comment réagir face à cet ami qui me demande de lui
prêter le livre de Arthur OSBORNE sur RAMANA après que je lui ai décrit rapidement
de quoi il s'agissait ?
R - Comment réagirait un amateur de chocolat à qui tu
présenterais un superbe morceau de chocolat, de plus, de très bonne qualité
et à qui tu dirais : "je ne sais pas ce que je dois faire, tu l'as vu, mais
est-il bon que je te le donne ?"
Cette question est étrange car en fait, tu te demandes si, lorsque l'occasion
se présente, tu peux donner ton avis sur tes convictions actuelles en matière
de spiritualité. C'est bien cela .
Comment as-tu entendu parler de RAMANA ? Et si personne ne t'en avais parlé,
l'aurais-tu rencontré ?
Il t'arrive de participer à des soirées entre amis. De quoi parlent toutes ces
personnes réunies ? D'une foule de sujets divers, parfois intéressants, souvent
sans grand intérêt. Pourquoi, si tout à coup un sujet spirituel est abordé,
tu te refuserais à donner ton avis ? N'est-ce donc pas Le sujet le plus passionnant
pour toi ?
Prête lui ce livre de RAMANA, c'est le plus beau cadeau que tu puisses lui faire
et ne t'occupes pas des résultats, ceux-ci ne nous appartiennent pas. Tu es
libre, ici, maintenant, et à chaque instant et cette liberté permet, en outre,
de dire ce que tu penses. L'important étant de ne jamais vouloir convaincre.
Simplement donner notre avis en fonction de notre expérience, n'est-ce pas naturel
?
64/ POONJA répète très souvent que pour réaliser sa véritable nature, il suffit
de rester tranquille, simplement être tranquille... J'ai essayé de nombreuses
fois. J'arrive à une certaine tranquillité, mais je n'ai pas pour autant réalisé.
Que veut dire POONJA par "rester tranquille" ?
R - POONJA insiste sur le fait qu'il n'y a absolument
rien à faire pour être le SOI tout simplement parce que nous Le sommes dès à
présent. Nous sommes le Soi : cette affirmation, nous la lisons au moins une
fois par jour dans un livre relatant les propos de RAMANA, NISARGADATTA, POONJA
et peut-être d'autres encore. Alors pourquoi n'avons nous pas FOI en leurs témoignages
? Au moins, essayons de voir le pourquoi de notre manque de Foi afin d'y remédier
et de trouver ce qui nous empêche d'être totalement conscient de ce SOI qui
est notre véritable nature. Il faut un jour se décider, on ne peut pas douter
éternellement. La confiance est nécessaire alors si nous ne l'avons pas suffisamment,
cultivons-la avec sérieux. Comment cultiver cette confiance ? En examinant attentivement
les paroles de RAMANA (par exemple) puis en s'examinant soi-même avec la même
attention : la concordance devrait s'établir rapidement.
Puisqu'il est entendu que nous ne pouvons devenir ce que nous sommes déjà, il
faut admettre une fois pour toutes que nous somme le SOI. La question qui se
pose alors, c'est : puisque je suis en ce moment même le SOI et que donc Je
suis réalisé, comment se fait-il que je ne l'expérimente pas pleinement, et
que dois-je faire pour en avoir une conscience totale ?
C'est en ce sens que POONJA affirme inlassablement qu'il suffit de rester tranquille.
Donc, rien à faire pour Etre le SOI, mais puisque pour le moment nous n'en avons
pas pleinement l'expérience, cherchons de toutes nos forces, de toute notre
énergie et avec une intense nostalgie du BONHEUR ce qui perturbe cette claire
perception de notre véritable nature.
En résumé, disons que le fait d'ETRE ne demande aucun effort et qu'il n'y a
rien à faire pour Etre. Par contre, s'identifier à un corps et donc à un individu
particulier demande énormément d'efforts et nous le constatons à chaque instant.
La seule solution est d'éliminer tout ce que nous ne sommes pas en permanence,
tout ce qui n'existe pas de lui-même et si nous allons jusqu'au terme de cette
recherche, nous trouverons facilement la réponse essentielle. Pour qu'une chose
existe, que ce soit les individus, le monde et tout le reste, il faut que je
sois présent ! Le plus merveilleux spectacle au monde ne peut exister que si
Je suis présent pour le voir. Le spectacle n'existe pas de lui même, il ne peut
jamais dire : "j'existe" et son existence dépend uniquement du spectateur. Ce
n'est donc pas ce qui est perçu qui est important, mais celui qui perçoit et
Je préexiste à toute forme d'existence.
Si cela est correctement compris, un énorme pas sera fait...
65/ J'ai déjà posé cette question sous une autre forme, mais je dois y revenir
une nouvelle fois car je n'arrive pas à bien comprendre : RAMANA, NISARGADATTA,
POONJA répètent sans cesse que nous sommes déjà le SOI, que notre véritable
nature que nous recherchons est déjà présente et qu'il n'y a donc rien à réaliser...
Pourquoi alors, ne suis-je pas réalisé en ce moment même ? Existe-t-il une "recette"
pour réussir dans cette quête de notre véritable nature ?
R - Le SOI, c'est l'existence que l'on peut qualifier
de PRESENCE, totale et permanente. Je suis toujours présent. Dans la vie d'un
individu, des événements se succèdent sans cesse, des pensées arrivent inlassablement
dans le mental, les états de veille, rêve, sommeil profond chaque jour reviennent
puis disparaissent. Tout cela arrive, et celui à qui cela arrive est le SOI
qui, pour un individu, dans un corps particulier, est manifesté et prend le
nom de CONSCIENCE. La source de la Conscience est simplement le SOI.
Lorsque RAMANA dit qu'il n'y a rien à réaliser, Il veut dire rien de nouveau,
rien qui ne soit déjà présent à chaque instant. Le SOI, notre nature véritable
non seulement existe en permanence, mais il est l'Existence même, il n'y a rien
d'autre !
Celui qui prétend ne pas être réalisé se trompe parce qu'il est encore identifié
à l'ensemble corps-mental et il pense qu'il doit "devenir" un être réalisé,
c'est-à-dire différent, meilleur, avec une connaissance particulière, et c'est
cela la véritable difficulté. Le SOI n'est pas un état à atteindre ni une expérience
transcendante à obtenir, mais au contraire - et comprenez cela une fois pour
toutes - c'est lorsque les expériences s'arrêtent et uniquement à ce moment
là, que le SOI est "réalisé". Toute expérience relève des sens et n'est donc
qu'un concept. Mais encore une fois il faut bien que cela soit constaté par
quelqu'un : QUI constate cela ?
Quant à une recette pour réussir à découvrir notre vraie nature ! Pourquoi pas...
1. Tout d'abord ne tenir pour vrai que ce que l'on expérimente soi-même, directement.
Tout le reste est à écarter : lectures, certitudes diverses, convictions, ouï-dire
etc... Une fois tous ces bagages déposés, vous serez plus légers...
2. Désirer intensément "connaître" notre nature véritable. C'est le point essentiel.
Il est indispensable d'avoir une motivation qui surpasse tout et à laquelle
rien ne pourra résister. Une ferme détermination est synonyme de réussite et
l'échec est alors impossible.
3. Sentez-vous LIBRES intérieurement parce que c'est la réalité ! Vous êtes,
au niveau de la Conscience, totalement libre, vous n'avez donc pas à le devenir
! Cela aussi est très important. La pensée "je ne suis pas réalisé" ou "je ne
suis pas libre" n'est encore qu'un concept. Alors remplacez ces concepts par
un autre concept : "je suis libre et j'ai toujours été libre". Ce n'est peut-être
qu'un nouveau concept, mais il représente la Réalité, c'est donc différent.
4. Une fois compris que Je ne peux pas "devenir" le SOI parce que Je suis déjà
le SOI, cherchons très sérieusement ce qui nous fait dire que "nous n'avons
pas l'expérience totale"... C'est vrai, nous entendons dire en permanence :
"je comprends bien tout cela, Je suis le SOI, je ne suis pas le corps etc...
mais cette compréhension n'est qu'intellectuelle. Alors que dois-je faire pour
passer d'une compréhension intellectuelle à l'expérience en elle-même ?" La
réponse est simple : QUI constate que cette compréhension n'est qu'intellectuelle
? Il faut bien que quelque chose ou quelqu'un soit présent pour constater tout
cela ! Ce qui est présent en permanence et qui constate tout cela est le SOI.
Pour passer d'une compréhension intellectuelle à l'expérience réelle du SOI,
il suffit donc d'enlever cette idée tenace et fausse, que la compréhension intellectuelle
est nécessaire. Toute compréhension, aussi grande soit-elle n'est que conceptuelle.
La source d'où tout s'élève, y compris moi-même en tant qu'individu, y compris
le monde et tout ce qu'il contient, cette source, c'est Moi, c'est-à-dire le
SOI et c'est la seule réalité permanente qui existe d'elle-même. Rien de ce
qui est perçu n'a d'existence propre. Tout ce qui Existe n'a d'existence que
parce JE suis PRESENT pour le constater. Et seule cette présence est réelle.
5. Comme le SOI est éternelle PRESENCE, cultivez cette Présence en étant de
plus en plus Présent à vous-même. Observez Ce qui fait que vous vous savez existant.
Observez attentivement d'où surgit cette sensation d'Etre parce que, à partir
de cette source, tout surgit : le "je" dans un corps, dans le monde etc... tout
cela arrive à cause de l'identification au "je". Une fois encore, demandons-nous
très sérieusement : Lorsque le "je" qui surgit au réveil, chaque matin, avec
son flot de pensées et donc de problèmes en tout genre, lorsque ce "je" est
englouti chaque soir dans le sommeil profond, Qui existe durant cette période
où ce "je" n'a aucune existence ? La réponse est évidente. Alors prenez pleinement
conscience de cette réalité et il n'y aura plus rien à chercher.
66/ D'un côté RAMANA dit qu'il est impossible de changer le cours de cette vie.
De l'autre, il affirme qu'il est possible de réaliser notre véritable nature
dès cette vie. Comment doit-on comprendre cela ? La réalisation survient-elle
tout à fait indépendamment de nos actions ? Ou bien, le moment de notre réalisation
est-il déjà déterminé ?
R - RAMANA a souvent expliqué ce qu'est le "libre arbitre".
Dans la question posée, il n'y a pas contradiction. Que dit RAMANA à propos
de ce fameux et bien incompris "libre arbitre" ?
"Toutes les actions que le corps accomplira sont déjà décidées au moment où
le corps naît à l'existence. La seule liberté qui vous est accordée est de vous
identifier, ou de ne pas vous identifier avec votre corps."
Vous avez lu ces paroles, une fois, peut-être plusieurs fois... et cependant,
vous n'avez pas compris le sens ! Faisons une petite révision de base au sujet
de la quête du SOI, c'est-à-dire de notre véritable nature : Passons sur les
préliminaires et arrivons aux premières constatations.
Tout d'abord, le corps et les cinq sens ne sont pas moi. Ensuite, nous constatons
que le mental, lui non plus, n'est pas moi. Ces deux constatations nous conduisent
à la question suivante : Si je ne suis ni le corps, ni le mental, alors d'où
s'élèvent les pensées ? On se rend compte alors que le champ d'action des pensées
est le mental. La question suivante est donc : Qui prend conscience de l'existence
de ces pensées ? La réponse est l'individu ou ego. En continuant notre recherche,
on découvre que cette individualité ou ego ne peut pas être notre véritable
nature puisque cette conscience d'être un individu n'est pas permanente, elle
apparaît le matin au réveil puis disparaît dans le sommeil profond. La Vérité
doit être permanente et elle doit exister d'elle-même. L'ego n'est donc pas
permanent de même que les trois états de veille, rêve et sommeil profond. Mais
pour pouvoir constater l'impermanence de tout cela, il faut bien que quelqu'un
soit présent ! Ce quelqu'un est le Témoin et on l'appelle le SOI et le SOI est
tout simplement l'Existence, l'Etreté.
Si cela est bien compris, c'est tout à fait suffisant pour "réaliser" notre
vraie nature. Qu'est-ce que réaliser notre nature véritable ? C'est réaliser
que nous ne sommes pas un individu et donc pas une existence particulière, mais
simplement l'Existence elle-même. Il ne s'agit pas, cette fois, d'une compréhension
quelconque, ni d'une expérimentation de plus, mais bien plutôt d'une désidentification
totale et donc définitive. Ce qu'il faut comprendre par contre, c'est qu'une
personne ne peut pas réaliser sa vraie nature, mais on réalise que l'on n'est
pas cette personne. La différence est essentielle. En effet, une personne, un
individu demeure un individu avec son corps et les fonctions qui l'accompagnent,
que ce soit avant cette réalisation, ou après. Ce n'est donc pas la personne
dans son corps qui change en quoi que ce soit, mais l'on réalise que l'on n'est
pas cette personne.
Au regard des nombreuses questions posées au sujet de la réalisation, il est
évident que personne ne semble vouloir comprendre cela ! Là encore, RAMANA constatait
que malheureusement, les chercheurs, bien qu'ils étaient certainement persuadés
de la réalisation de RAMANA, continuaient malgré tout à ne voir que les apparences
et donc son corps... Il disait, alors que la maladie rongeait son corps : "Ils
pensent que je vais partir, mais où irais-je, Je suis ici ! Ils prennent ce
corps pour RAMANA ! Quelle pitié !"
Pourquoi n'y a-t-il pas contradiction lorsque RAMANA affirme que toutes les
actions que le corps doit accomplir sont déterminées à l'avance et que, malgré
tout il existe une liberté, celle de s'identifier ou de ne pas s'identifier
avec notre corps ?
En effet, RAMANA parle bien d'une Liberté que nous avons ! Une seule peut-être,
mais elle est de taille ! Mais en y regardant de plus près, c'est une bonne
nouvelle, une énorme nouvelle, car il semble bien que Liberté veut dire CHOIX
! RAMANA affirme donc que nous avons le choix, un seul, c'est bien entendu,
mais quel Choix ! celui de s'identifier ou de ne plus s'identifier avec ce corps
qui nous perturbe tant. Mais alors, par quel processus vais-je pouvoir faire
ce choix puisque j'ai cette formidable liberté ? Ce choix se fait au moyen de
la Conscience tout simplement et cette conscience personnelle c'est l'ego ou
Ame.
Ne perdez pas toute votre énergie et tout votre temps à comprendre cela, mais
sachez que c'est la vérité en ce qui concerne ce que l'on nomme Karma, destin,
libre arbitre etc... La plupart des textes qui traitent de ce sujet ne sont
pas sérieux et induisent les chercheurs dans l'erreur. Ce que dit RAMANA est
en fait très clair et c'est bien ainsi que les événements se produisent. Ne
confondons pas les actions avec Celui à qui elles arrivent.
Comprenez bien ce que signifie REALISATION : réalisation de quoi et par qui
? Celui qui constate qu'il possède un corps, n'est pas ce corps, cela peut se
comprendre : on ne peut pas être ce que l'on voit ! Après la compréhension qui
ne peut être qu'intellectuelle et c'est normal, vient ce que l'on nomme réalisation
et c'est simplement l'application de cette compréhension et "l'expérience" totale
et définitive que "Je ne suis pas le corps".
67/ Vous allez trouver cette question étrange et j'aurais dû, c'est vrai, la
poser au tout début ; mais parfois, je suis un peu perdu dans ma recherche et
je ne sais plus vraiment ce que je cherche... Pourquoi dois-je découvrir ma
véritable nature et le fait d'y parvenir me rendra-t-il heureux ?
R - C'est lorsque cette question se présente à nous que
l'on entreprend ce que l'on appelle une "recherche spirituelle". Or à quoi aspire
chaque individu sur cette planète ? Que recherchent inlassablement les hommes,
sinon le Bonheur ! Tout le monde cherche comment parvenir à être heureux. Observez
attentivement la vie des hommes et la vôtre, et vous constaterez que tous recherchent
à être autre chose que ce qu'ils sont au départ. Et c'est naturel ! Le problème,
c'est que de très nombreuses voies sont proposées et très peu nous conduisent
au But. Les différentes religions promettent le Bonheur, mais un bonheur conditionné
et à très longue échéance. Ce fameux Bonheur, promis par les religions n'est
pas expérimentable, ici et maintenant. Si ce bonheur est fixé à une date ultérieure,
c'est qu'il n'existe pas en ce moment. Or, s'il n'existe pas aujourd'hui, c'est
qu'il aura un commencement et s'il a un commencement, obligatoirement, il aura
une fin ! Ce Bonheur n'a donc aucune réalité et les paradis proposés sont créés
pour rassurer et nourrir un espoir sans lequel la vie des hommes serait encore
plus pénible. Mais ce n'est jamais une solution ! Les partis politiques font
de même et les diverses philosophies se perdent dans de belles phrases qui bien
sûr ne changeront jamais rien... d'autant plus qu'en fait il n'y a rien à changer
sinon notre façon de voir.
Au départ, identifiés à cet ensemble corps-mental, nous recherchons naturellement
le Bonheur dans le monde, sans trop savoir ce qu'est réellement ce Bonheur,
simplement nous le sentons, nous sommes persuadés qu'il existe.
En quoi consiste le Bonheur ? Question primordiale ! Le point essentiel est
la PERMANENCE : Le Bonheur doit être permanent.
Or, si l'on examine notre vie, avec ses joies et ses peines, nous remarquons
rapidement que ce n'est pas réellement le Bonheur parce que les événements qui
nous rendent heureux sont éphémères, il ne durent pas et leur nom est : Plaisirs.
Ce qui n'est pas permanent ne peut nous procurer le Bonheur auquel chacun aspire
si fortement. Il est vrai que l'on pourrait remplacer l'expression "recherche
spirituelle" par recherche du Bonheur car c'est plus explicite. Mais comprenons
bien que l'humanité tout entière est à la recherche de ce Bonheur : celui qui
boit avec excès, le drogué, les affamés de sexe, les révoltés en tous genres,
ceux qui ne vivent que pour s'enrichir, ceux qui recherchent la gloire et même
les religieux, oui, tous ceux-là recherchent ce fameux Bonheur ! Soyez-en convaincus
et vous verrez qu'en fait tout le monde est en pleine recherche. Et la vérité
s'affirme d'elle-même : on entend souvent dire - et c'est le mal du siècle -
"je suis mal dans ma peau". C'est normal puisque nous ne sommes pas cette peau...
L'unique problème, mais il est de taille, c'est que l'homme, identifié à son
corps, recherche le Bonheur avec les moyens du corps et ces moyens ce sont les
sens. Les sens ne peuvent nous procurer que des sensations. Si ces sensations
sont agréables, nous les appellerons plaisirs et si elles sont désagréables,
souffrances.
Les plaisirs ne sont ni bons ni mauvais, ils correspondent naturellement à une
réaction des sens aux objets qui nous entourent. Mais ce qui est par contre
certain, c'est qu'ils sont éphémères : ils apparaissent et puis disparaissent.
Si l'homme est privé d'un plaisir qu'il a l'habitude d'avoir, il en sera perturbé
et cela engendre une souffrance.
Celui qui constate l'impermanence des plaisirs va alors se demander comment
trouver réellement le Bonheur. En approfondissant notre recherche, nous constaterons
que ce Bonheur, qui se doit d'être permanent, ne peut pas être extérieur à nous.
Cela seul qui est permanent est appelé le SOI et c'est en Lui seul que se trouve
le Bonheur. C'est notre nature véritable que l'on qualifie de "ETRE - CONSCIENCE
- BEATITUDE."
Donc, la recherche du SOI, ou de notre nature véritable est simplement la recherche
du Bonheur.
68/ En relisant toutes les questions et surtout les réponses données, il apparaît
que pour parvenir au But, c'est-à-dire réaliser ma vraie nature, le SOI, l'essentiel
réside dans la détermination, pour ne pas dire le Désir intense d'y parvenir.
Est-ce que vraiment cette ferme détermination suffit ?
Et, question peut-être indiscrète : parmi toutes les personnes que vous avez
rencontrées, intéressées par une recherche spirituelle et qui vous ont posé
des questions à ce sujet, y avait-il des personnes possédant cette détermination
nécessaire ?
R - Oui, la ferme détermination est suffisante ! Dans
votre vie de chaque jour, vous constatez que ceux qui arrivent dans ce qu'ils
entreprennent sont des passionnés, ils consacrent tout leur temps, toute leur
énergie pour parvenir au but qu'ils se sont fixé. On ne peut pas réussir si
l'on est dispersé. On doit se fixer un but et tout faire pour y parvenir. Dans
cette recherche du SOI, il en est de même. Cette détermination sera progressive,
en fonction de l'intérêt grandissant que nous aurons pour cette découverte de
notre nature véritable, seule capable de nous donner le réel BONHEUR puisque
seule permanente.
Non, je n'ai pas encore rencontré un chercheur possédant la détermination nécessaire.
Ces êtres sont rares et c'est à cause de cette rareté que l'on entend toujours
dire qu'il n'y a qu'un chercheur sur un million qui réalise sa vraie nature.
Cela veut essentiellement dire qu'un seul sur un million possédera la détermination
indispensable à cette fameuse réalisation ! On peut donc dire que cette réalisation
n'intéresse pas beaucoup de monde et la responsabilité est à attribuer aux religions.
Pourquoi si peu d'intérêt pour la réalisation de notre nature véritable ? Nous
l'avons vu dans une précédente question : tout le monde recherche le Bonheur
et c'est naturel, mais les religions promettent un Bonheur que les hommes, à
travers les multitudes de rites, de credos, de moyens, n'arrivent pas à percevoir
clairement. D'autant plus que les paradis promis ne sont pas permanents puisqu'ils
sont " à venir". Si l'on réfléchit sérieusement à ce fameux "salut" dont parlent
toutes les religions, on s'aperçoit que cela n'a absolument aucun sens. "Etre
sauvé" suppose que l'on soit, au départ, "perdu". Supposons donc que DIEU a
créé l'homme et qu'il l'a mis sur terre en lui disant en quelque sorte : "Voilà,
tu es mauvais, tu vas commettre des pêchés, tu es en quelque sorte, perdu...
Sauf si, malgré tous les handicaps dont je t'ai doté, tu arrives à t'en tirer.
Je t'ai créé totalement imparfait, à toi de devenir meilleur et tu pourras accéder
au paradis", après, toutefois, soit le jugement dernier pour certaines religions,
soit par exemple un capital de bonnes actions suffisant, pour la plupart des
religions orientales... !
Si l'on se rappelle que l'homme n'a absolument jamais demandé à DIEU de venir
sur terre, l'addition à payer est sévère ! Les religions donnent des conseils,
souvent des instructions en échange de promesses qu'elles ne pourront jamais
tenir : voilà la triste réalité, on se moque du monde ! Pas étonnant, avec ça
que très peu de monde soit intéressé !
Non, laissez ces paradis imaginaires et comprenez que le réel BONHEUR est permanent,
qu'il ne peut pas surgir à un moment ou à un autre, c'est tout simplement notre
Nature véritable, toujours présente et ne dépendant de rien et surtout pas de
mérites illusoires ! Ce Bonheur, nous l'appelons le SOI, par opposition au moi
individuel ou ego, et ce SOI ne se mérite pas, ne survient pas, il n'apparaît
ni ne disparaît, Il est permanent et Je Suis cette permanence ou Présence éternelle.
69/ Pourquoi ne ressentons-nous pas ce Bonheur, pourquoi n'avons nous pas pleinement
conscience d'être le SOI ?
R - Etes-vous certain de n'avoir pas conscience d'exister
? L'existence est le Soi donc vous avez cette conscience d'exister et d'être
en fait le Soi ! Le problème provient uniquement des habitudes mentales c'est-à-dire
de tout ce que vous pensez savoir, de la vie, du monde, de vous et des autres.
Tout ce que vous avez appris comme des vérités bien établies et qui ne sont
que des "on dit", résultats des convictions des parents qui eux-mêmes l'on appris
de leurs parents etc... Il en est de même de toutes les convictions, de toutes
les croyances : de simples conceptions, de simples idées et pourtant, elles
font marcher le monde depuis si longtemps... Constatez sérieusement que les
plus belles idées, les plus grands principes, les plus grands personnages n'existent
que si j'en prends conscience ! C'est de ma présence que dépend l'existence
de toute perception. N'est-ce pas évident ? Tout ce qui est perçu est contenu
dans le mental. Quand le mental apparaît (au réveil), le monde et tout ce qu'il
contient, apparaissent. Mais qui constate cela ?
Le Soi est toujours "expérimenté", mais les habitudes mentales que nous entretenons
sans cesse font que nous nous prenons pour ce que nous voyons, c'est-à-dire
un individu avec une forme corporelle. A partir de cette fausse identification,
il est certain qu'il n'est pas possible de trouver le Bonheur puisque l'ensemble
corps-mental fonctionne au moyen des sens et que les sens ne peuvent nous procurer
que des sens-ations qui, elles-mêmes, nous font expérimenter les plaisirs.
Dans le sommeil profond, les sens sont absents, les plaisirs ne peuvent être
ressentis et pourtant nous sommes parfaitement heureux ! Cela prouve clairement
que le Bonheur n'a aucun rapport avec les plaisirs procurés par les cinq sens.
Le Bonheur n'est pas une expérience sensorielle : la poupée de sel recherche
l'océan ; elle sent très fortement son origine et veut goûter à ce Bonheur de
retourner en Lui. Mais elle ne goûtera ce Bonheur qu'en rentrant tout entière
dans cet océan. Une fois plongée dans l'océan, que restera-t-il de sa forme
de poupée ? Rien, sa conscience individuelle d'être un être séparé s'est totalement
dissoute dans cet océan, et elle devient l'océan tout entier. Le Bonheur est
notre véritable nature, le Soi, Il nous attire à lui et c'est Lui que nous recherchons
sans cesse. Mais très souvent, nous le confondons avec les plaisirs. Nous ne
goûterons ce Bonheur que lorsque nous prendrons pleinement conscience que nous
ne sommes pas un être particulier, mais l'existence tout entière. Et c'est cela
que l'on appelle réalisation.
En fait, le rapport entre le Bonheur et les plaisirs est le même que celui existant
entre le Soi et l'ego. Les plaisirs n'existent que parce que la base d'où ils
s'élancent est le Bonheur qui réside dans l'unique Soi.
70/ Je suis convaincu qu'une forte détermination est suffisante et plus forte
que tout. Mais je me rends compte que la confiance qui m'anime - et par conséquent
l'intensité de ma détermination - est variable. En effet, si quelques moments
agréables peuvent parfois me distraire, c'est donc que ma détermination n'est
pas profondément ancrée, non stable. Je voudrais donc savoir, d'une part, si
le fait d'être témoin fera en sorte que je sois de plus en plus convaincu de
la non réalité de cette limitation arbitraire à une forme. Et d'autre part,
tout ce qui est nécessaire à un chercheur viendra-t-il de soi ?
R - Demandez-vous qui éprouve cette limitation arbitraire
? Pourquoi ne pas voir les choses simplement au lieu de toujours compliquer
ce qui est ? Et que veut dire "être témoin" ? La vérité est si simple : pour
que le monde et tout ce qu'il contient existent, votre Présence est indispensable
! Tout est dit. De votre Présence dépend toute existence. Si cela est compris,
tout est réalisé...
Toutes ces idées de limitations viennent, encore une fois et comme tout le reste,
des habitudes mentales véhiculées par l'éducation, la culture, les idées religieuses
qui, toutes, prennent comme point de départ l'individu, c'est-à-dire un ensemble
"corps-mental" provisoire qui n'a pas d'existence indépendante. Le corps n'existe
pas de lui-même, mais celui qui constate qu'il a un corps est réel et c'est
le Soi ! Si le point de départ est faux, comment pourrait-on arriver à quelque
chose de réel ? C'est un peu comme ces hommes, sur cette petite planète qu'est
la Terre, qui pensent qu'il sont seuls dans l'Univers et qui ont cru, très longtemps,
que la terre était le centre de l'Univers. Les chrétiens, aujourd'hui encore,
sont persuadés qu'il n'existe pas de vie intelligente ailleurs que sur la Terre
! Quelle misère... Les idées sont si fortes qu'elles se transforment rapidement
en convictions, puis en croyances et enfin en dogmes et c'est comme cela qu'on
arrive à des catastrophes tout simplement à cause d'idées, de simples idées...
Le monde est esclave de convictions, certitudes, credos et dogmes en tous genres
et pourtant, ce ne sont que de simples concepts. La seule chose à connaître
est notre nature véritable et tant que cette connaissance n'est pas réalisée,
tout ce qui est connu est relatif et dépend du "connaissant". Toute compréhension
est relative à l'aptitude de l'individu à comprendre et cette compréhension
n'est pas la même pour tous les individus. Tant que la base d'où s'élance le
mental et ce qu'il contient n'est pas connue, rien ne peut être défini comme
réel. Et, lorsque le réel est connu, la connaissance elle-même, disparaît.
N'acceptons pas les idées religieuses ou politiques par habitude. Car c'est
de cela dont il s'agit, les trois quarts de nos conceptions découlent des habitudes
engendrées par notre culture, notre éducation etc... Un exemple simple : un
français, qu'il le veuille ou non, bercé par sa culture judéo-chrétienne - qu'il
soit "croyant" ou "incroyant" - a une idée de Dieu chrétienne. Aussi, lorsqu'il
dit "je ne crois pas en Dieu", cela veut dire essentiellement qu'il n'accepte
pas le Dieu proposé par les chrétiens. Ce qui est terrible, c'est que dans 90
% des cas, les mêmes personnes ne savent pas qu'il existe d'autres conceptions
du Divin. La cause vient de l'habitude !
GALILEE soutenait (entre autres découvertes) que la terre tournait autour du
soleil. Il fut condamné, en 1633, à la prison à vie, peine ensuite adoucie en
assignation à résidence surveillée. Motif retenu par l'inquisition "sérieuse
suspicion d'hérésie". Ces fameuses certitudes qui avec le temps deviennent des
dogmes ont conduit l'Eglise aux guerres de religions et à six siècles d'inquisition
! Est-ce là l'application du nouveau commandement de Jésus : "tu aimeras ton
prochain comme toi-même" ? C'est tout simplement le contraire ! Quelle misère...
Pour finir cet exemple, revenons à GALILEE. En octobre 1992, le Vatican reconnaissait
l'erreur commise par l'Eglise en 1633 qui avait condamné injustement cet Homme
qui a passé sa vie, entre autres, à lutter contre les idées reçues. Le Vatican
a donc mis 359 ans pour reconnaître qu'il aurait mieux fait de se taire. Mais
à l'époque c'était chose courante que de condamner... Aujourd'hui, l'Eglise
n'emprisonne plus personne pour hérésie, mais elle continue à condamner par
la parole tout ce qui n'est pas conforme à l'idée qu'elle se fait de la vérité,
donc de "sa vérité"... L'histoire de cette religion (entre autres religions)
montre que cette vérité qu'elle pense détenir a conduit à tant d'erreurs et
a fait tant de victimes totalement innocentes qu'il n'y a rien à rajouter pour
montrer qu'il ne peut évidemment pas s'agir de La Vérité que tout chercheur
sérieux désire réaliser...
Pour ce qui est de la confiance, comme toutes les impressions elle est une fonction
du mental. De ce fait, elle est obligatoirement variable. La nature du mental
est changeante et donc tout ce qui provient du mental est de même nature.
Ne confondez pas la recherche "spirituelle" et la détermination indispensable
qui doit vous animer avec les moments agréables ou désagréables éprouvés par
les sens et qui est le propre de tout individu. Les différentes sensations ressenties
chaque jour et que l'on trouve bonnes ou mauvaises sont naturelles puisqu'elles
résultent de l'expérience sensorielle que tout un chacun, en tant qu'individu,
expérimente en permanence. En quoi des sensations, quelles qu'elles soient,
pourraient perturber la détermination indispensable à la recherche de notre
véritable nature ? Demandez-vous simplement à qui ces diverses sensations apparaissent-elles
? Celui qui constate cela ne doit pas en être affecté. L'attitude TEMOIN, avec
la pratique régulière, arrangera tout cela.
Oui, tout ce qui est nécessaire à un chercheur dans sa quête de l'Absolu arrivera
de lui-même si la détermination est totale et inconditionnelle.
71/ En m'interrogeant sur l'origine de cette question, je prends conscience
que ce dont j'ai réellement besoin en ce moment, c'est de cette confiance totale
en moi. J'ai besoin de vous entendre dire que je ne peux manquer le but. Le
problème, me semble-t-il, est que je n'arrive pas à me considérer comme prêt,
comme si la réalisation du Soi se situait dans un temps futur. J'ai l'impression
de ne pas en être capable. C'est stupide puisque je suis déjà ce que je cherche.
Pourquoi donc est-ce que je n'arrive pas à avoir cette conviction profonde que
c'est déjà là, qu'il n'y a rien à faire ou à acquérir, que c'est à ma portée
? Est-ce par peur ? Est-ce à moi de trouver la réponse à cette question ?
C'est comme lorsque j'entends RAMANA dire : "pourquoi ne pas y retourner (au
Soi) ici et maintenant ?", cela me fait frémir tellement cela paraît simple
et puis c'est comme si je me résonnais et que je me disais à moi-même que ce
n'est pas possible, que ce n'est pas aussi facile que ça. Parfois, je me dis
qu'il suffirait de prendre RAMANA au sérieux, ne serait-ce qu'un instant, d'être
absolument convaincu que ce qu'il dit est valable pour moi aussi... D'où viennent
tous ces doutes ?
R - OUI, si nous avons une ferme détermination, le BUT
sera atteint, si toutefois nous comprenons bien que lorsque nous parlons de
But, c'est en fait de Nous - le Soi - dont il s'agit... Ceux qui effectuent
une recherche dite "spirituelle", c'est-à-dire qui veulent connaître - tout
simplement - leur véritable nature, réussiront dans leur démarche si leur motivation
est totale. Ceux qui ne réalisent pas leur vraie nature n'ont pas la détermination
nécessaire, c'est une certitude. Regardez autour de vous ; vous voyez bien qu'en
apparence, de très nombreuses personnes sont "intéressées" par ce que l'on désigne
à l'aide de noms différents : Dieu, spiritualité, Soi, Bonheur etc... Mais dans
la majorité des cas, cet intérêt est conditionné, variable et très rarement
inconditionnel, total, inébranlable, absolu. Tous ces adjectifs sont indispensables
et c'est la seule condition pour réussir dans notre recherche...
D'autre part, pour parvenir au BUT, il faut bien savoir ce qu'est ce But. Cela
semble évident et cependant il est indispensable de ne pas l'oublier en route...
Comprenez clairement ce qui est cherché : Qui cherche Quoi ?
La conscience personnelle - ou Moi, ou encore Ego - qui, ne l'oublions jamais,
est le Soi manifesté, n'est pas permanente, elle apparaît chaque matin au réveil
et se résorbe chaque soir dans le sommeil profond. Bien que cette conscience
personnelle soit impermanente, la source dont elle provient (le SOI) est elle
permanente. Si l'on observe attentivement le fonctionnement de cette conscience
personnelle, on constate qu'elle ne supporte pas cette impermanence parce qu'elle
sait de façon tout à fait naturelle, instinctivement, que la source d'où elle
provient (et sans laquelle elle n'a aucune existence) Est permanente. Le fait
de prendre conscience de cela nous pousse à l'investigation intérieure et c'est
que l'on nomme généralement "recherche spirituelle".
Pour être ce que l'on est, le Soi, est-il besoin de se "sentir prêt" ? La réponse
est évidente. D'autre part, il est également certain que le Soi est déjà notre
véritable nature. Mais, du point de vue de l'individu qui pense qu'il doit L'atteindre,
cette prise de conscience que l'on nomme "réalisation" se situe effectivement
dans le temps. Dans l'exemple bien connu en Inde, le collier est autour du cou
de la reine, il est déjà là. Cependant il va s'écouler un certain temps avant
que la reine en prenne conscience. Lorsqu'elle voit le collier autour de son
cou, elle est persuadée de l'avoir retrouvé et pourtant, il n'avait jamais disparu.
Elle "réalise" enfin que ce qu'elle cherchait était déjà là. Il en est exactement
de même de notre nature véritable. Nous mettons un certain temps pour prendre
conscience, donc "réaliser" que nous sommes déjà là !
C'est tout à fait cela : il suffirait de prendre RAMANA au sérieux, c'est ce
qu'a fait POONJA, c'est également ce qu'a fait NISARGADATTA avec son Maître.
A partir de cette confiance, le temps n'a plus d'importance. Et c'est encore
notre détermination qui fait naître en nous cette confiance indispensable. En
premier lieu, il est indispensable d'avoir confiance en soi, en ce que l'on
recherche et être persuadé que le But sera atteint. Cette confiance en soi fera
le reste et les circonstances nous apporteront tout ce qui est nécessaire pour
parvenir au But. Alors prenez RAMANA au sérieux une fois pour toutes parce qu'il
est l'exemple parfait du But à atteindre pour découvrir le Bonheur que nous
désirons ardemment. Découvrez qui est RAMANA, au delà des concepts et vous découvrirez
votre nature véritable.
72/ Est-il nécessaire d'acquérir certaines connaissances spirituelles pour entreprendre
la recherche de notre véritable nature ?
R - Certes non ! Ce qui est nécessaire c'est d'entendre
une fois la bonne nouvelle : vous êtes le SOI, vous êtes, ici, en ce moment
même le SOI et donc, ce que vous cherchez, vous l'Etes déjà ! Il faut avoir
entendu Cela au moins une fois car c'est la vérité sur votre véritable nature
! Et à présent, qu'allez-vous faire de cette formidable information ?
73/ Donc, pas besoin de connaissances d'aucune sorte ?
R - Comment faut-il le dire ? SOCRATE le disait déjà il
y a 2500 ans : "connais-toi toi-même et tu connaîtras le monde et les dieux".
Si l'on parvient à connaître notre vraie nature, Tout sera connu. Il n'y a besoin
de rien d'autre. Toutes les autres connaissances relèvent du mental et n'existent
qu'en sa présence. Ma véritable nature, le SOI, existe en permanence et d'Elle-même
et c'est l'Existence dans sa totalité.
74/ Quand j'entends vos réponses, cela me semble simple et parfois même évident.
Pourquoi, un peu plus tard, les doutes reviennent-ils ?
R - C'est la nature du mental et tout ce qu'il contient.
Et dans un sens, c'est bien ainsi. Vous pouvez douter de tout en fait, sauf
de votre existence ! Les doutes n'existent que parce que, d'un autre côté, vous
avez des certitudes. Certitudes et doutes sont des impressions dans le mental,
de simples sensations. Alors regardez vos certitudes et vos doutes sérieusement,
prenez le temps de les analyser et à la fin il ne vous restera plus qu'une seule
certitude, celle d'exister et donc d'être le Soi parce que celui qui doute ne
peut résister à celui qui constate cela. Vous n'êtes pas vos sensations, vous
constatez que ces sensations existent. De même, lorsque vos certitudes et vos
doutes cessent, vous continuez d'exister ! Alors qui est concerné par ces doutes
et ces certitudes ? Arrêtez une fois pour toutes de vous identifier à vos sensations
de même qu'aux événements qui arrivent.
75/ Je comprends mieux, mais les doutes sont-ils malgré tout un handicap dans
la recherche spirituelle ?
R - Il n'y a pas de handicap dans la recherche du Soi.
Il faut simplement un peu de temps pour évacuer les habitudes mentales qui sont
très tenaces parce que très anciennes. Et puis il est préférable d'avoir des
doutes que des certitudes. Regardez l'histoire des nations depuis les tous premiers
temps. Constatez combien de millions d'êtres humains (et autres espèces d'ailleurs)
sont morts à cause justement d'hommes qui avaient des "certitudes", que celles-ci
soient religieuses ou politiques, c'est la même catastrophe, la même bêtise,
la même erreur ! Lorsqu'un homme est "certain" d'avoir raison et que les autres
se trompent (c'est le cas des partis politiques et des diverses religions) le
résultat est inévitablement lamentable... Et pourtant c'est évident n'est-ce
pas ? Malgré tout, à l'aube de cet an 2 000 dont on nous rabat les oreilles,
les certitudes d'individus plus ou moins fanatiques continuent de faire des
victimes et il en sera toujours ainsi... Quelle bêtise ! Cela vous montre au
moins que certitudes et doutes doivent un jour être dépassés.
76/ Je comprends bien tout cela. Mais comme toujours, demain, les doutes vont
revenir et perturber mes convictions sur ma recherche spirituelle, sur l'idée
que je me fais de ma nature véritable et même sur ce que vous me dites en ce
moment. Est-ce qu'un jour je parviendrai à croire définitivement en ce qui m'apparaît
évident sur l'instant ?
R - C'est bien là l'éternel problème : vous parlez de
croyance et je vous conseille d'abandonner toutes croyances. Avez-vous besoin
de croire que vous existez pour exister ? Ce sont les religions qui imposent
des credos et qui demandent et même exigent de croire en ce qu'elles proclament.
Croire signifie "tenir pour vrai" donc croire est un "a priori" et représente
une simple éventualité. Croire, c'est donc accepter des idées, des principes,
des théories que d'autres ont propagées, sans en avoir expérimenté l'authenticité.
La religion impose une croyance et celui qui pratique "sa religion" doit s'y
tenir, sinon il est hérétique. En résumé, la croyance représente une théorie
et la pratique c'est ce qui est entrepris pour réaliser, connaître, notre vraie
nature.
Quant à ce que je dis, il n'y a là rien de nouveau et personne ne vous demande
d'y croire. Arrêtez, ne serait-ce qu'un instant, de vous identifier aux idées
des autres, à une culture, à des credos, parce qu'ils ne sont pas le résultat
de votre propre expérience ! Vous entendez mes réponses à vos questions, mais
vous les attribuez à un individu et à des sensations qui en découlent et c'est
dommage : écartez les apparences et vous entendrez différemment. Je n'expose
pas de grandes théories à suivre, simplement je vous livre mon expérience telle
qu'elle se présente et cela ne demande aucune croyance particulière en qui que
ce soit, aucune adhésion à un quelconque credo. Mon conseil serait de ne croire
qu'en Vous en tant que principe unique d'où s'élance tout le reste, mais cela
doit être expérimenté et non faire l'objet d'une croyance...
Oui, cela peut s'arranger si les doutes et les convictions que vous entretenez
sans cesse disparaissent et c'est en fait ce qui arrive chaque soir quand vous
dormez...
La plus grande difficulté dans la recherche dite spirituelle réside dans le
fait que le chercheur n'a pas l'expérience de l'état Absolu. Comment comprendre
ce que l'on n'expérimente pas soi-même ? C'est impossible ! Ne basez donc pas
votre recherche uniquement sur la compréhension.
Observez inlassablement le jeu de la Conscience et reconnaissez, une fois pour
toutes, que vous ne pouvez pas être ce que vous observez - événements, sensations
etc... Vous êtes Celui qui constate cela. Ne confondez plus les événements,
les impressions ou sensations avec Celui qui constate leur existence : n'est-ce
pas évident ? Vous n'êtes, à aucun moment le spectacle, mais vous êtes en permanence,
l'Unique spectateur. Votre nature véritable est l'Etre infini, mais l'entendre
ou le savoir ne suffit pas, soyez cet Etre que vous êtes déjà !
Réalisez cette Evidence, l'évidence de l'Etreté, permanente, stable, source
unique du Bonheur.
Source du texte: http://www.sv.uit.no/student/dinteo/adva-franc.htm | le 18-06-04 |
Source du texte:http://membres.lycos.fr/realisation/qr.htm . daté du 12-11-98 |
Màj. 29/06/09