Violence, non-violence

Ne devenez pas un professionnel de l’aide, ce serait une forme de violence. Vous n’aidez pas en pensant changer les choses mais en participant au mouvement sans jugement. Que de violence nécessaire pour arrêter la violence d’une guerre ! Vous ne pouvez juger globalement de la situation. Vouloir empêcher la violence est une forme de violence. Du point de vue humain, vous ne pouvez pas connaître l’attitude juste. Ce n’est pas à vous, en tant qu’être humain, de décider ce qui doit être fait. Vous devez accompagner les choses. Quand un pays vit des cataclysmes, vous pouvez très bien l’accompagner intérieurement. La guerre est comme une tumeur, quelque chose qui est en train de se nettoyer. Cela ne veut pas dire qu’il faille la créer, mais quand elle est là, vous devez participer à son éclosion jusqu’à ce qu’elle s’élimine. Vouloir arrêter quelque chose est une forme de violence. Dans beaucoup de pays, on a arrêté des guerres, renversé des régimes pour en installer d’autres qui se sont avérés encore pires. Si vous vous situez dans cette ouverture, vous mettez votre corps dans une très grande disponibilité et quand vous êtes visités par une région de tremblement de terre ou de massacres, il est tout à fait possible de collaborer avec votre cœur et votre souffle. Cela se fera involontairement. Il faut être invité par le cataclysme. Vouloir aller soi-même vers un cataclysme est souvent une fuite de son propre cataclysme intérieur. Ce qui vient du problème y ramènera sans aucun doute, même si cela apparaît comme générosité et abnégation. Ne devenez pas un professionnel de l’aide à autrui.


La non-violence est comprendre que l’écoute est indépendante des modalités corporelles ou psychologiques. C’est comprendre que quand un corps est tué, l’écoute ne meurt pas. La non-violence affective, romantique, formulée par Gandhi a freiné le développement de la structure économique de l’Inde. Il a fait filer la laine dans de nombreuses régions parce qu’il était contre l’industrialisation. Sa vision a créé des famines d’une grande ampleur et beaucoup de violence.
L’Inde traditionnelle a toujours prôné de faire face à l’action, à la vie. La non-violence n’à rien à voir avec ces tendances anti-violence qui sont des caricatures. Quand vous coupez un arbre, il hurle. Il n’y a pas de différence entre un légume et un animal. Ne pas manger de viande est simplement fonctionnel et non pas basé sur une idéologie. Ne pas manger de viande au nom d’une idéologie non violente est une sensiblerie affective inconnue dans la tradition.


Eric BARET


17/10/16 -- Source: http://lapiqreduscorpion.blogspot.fr/2012/08/violence-non-violence.html