Les égrégores - 3ème partie

Les éons, égrégores suprêmes


Auteur: Alexandre Sintile

Dans les deux premières parties (1 et 2) de cet article, nous avons vu que l’être humain est constitué de trois centres énergétiques reliés au trois plans subtils; que par notre activité énergétique (instinctive, émotionnelle ou mentale), nous créons des égrégores sur ces différents plans; enfin, que c’est à travers le rituel que les égrégores puisent leur énergie. Nous allons maintenant nous intéresser aux égrégores les plus importants: les éons.

Les égrégores constituent la pierre de fondation de l’au-delà et donnent forme à un édifice subtil parfaitement structuré. Toute structure visible ayant son reflet dans le monde invisible, l’au-delà est tout aussi bien organisé que notre réalité physique et le hasard n’y a aucune place.

Au sommet de la hiérarchie des égrégores trônent des puissances que la tradition gnostique a longtemps gardées secrètes, n’en divulguant l’existence qu’au sein des écoles des Mystères pour ne pas s’attirer les foudres des autorités religieuses.

On appelle ces puissances égrégoriques des «éons», du grec aion qui signifie «temps», «éternité» ou «très longue période de temps», car leur durée de vie dépasse largement celle d’un simple égrégore.

Les initiés décrivent les éons comme des formations énergétiques colossales engendrées au cours des âges par les pensées, les sentiments et les passions égocentriques de l’humanité. Ces puissances titanesques sont, à l’instar des égrégores, des puissances auto-conservatrices qui tiennent les hommes sous leur emprise et les poussent à l’égocentrisme.

Les éons se distinguent surtout des autres égrégores par le degré d’autonomie qu’ils ont atteint, étant devenus quasiment immortels.

Comme toute entité énergétique parasitaire, ils sont voraces et demandent à être nourris en permanence. Parce qu’ils ne tirent leur nourriture que de l’activité égocentrique de l’humanité (intellectuelle, émotionnelle, sexuelle...), ils poussent par tous les moyens les hommes vers la voie de l’égocentrisme.

À notre époque qui est celle de l’Âge noir, les éons ont acquis une telle puissance que, même si l’humanité entière mettait fin à ses activités égocentriques, ils pourraient se passer de nourriture pendant des siècles avant de disparaître. Ils seraient alors amenés à dévorer la hiérarchie des égrégores intermédiaires, telle une mère qui se nourrirait de ses enfants. Ceci peut arriver lorsque le système occulte subit une crise énergétique (chute d'une civilisation majeure, changement de religion dominante, etc.)

Au vu de la nature occulte de l’emprise dans laquelle se trouve l’humanité, nous venons d’évoquer une hypothèse purement théorique. Cette emprise ne laisse à l’homme aucune chance d’opérer un changement d’orientation spirituelle radical – au contraire, elle le fait sombrer chaque jour davantage dans l’égocentrisme et le matérialisme.

À un autre niveau, où ils sont comme personnifiés, les éons sont appelés les souverains hiérarchiques de l’espace-temps. Ces êtres qui nous gouvernent sont les douze princes de l’au-delà, émanés de l’humanité déchue dont ils sont le sombre reflet.

Les éons ont mis en place un système d’exploitation et d’emprisonnement qui repose sur la vampirisation de l’énergie des hommes et des forces de la nature. Ce système de vampirisation, dans lequel l’énergie soutirée remonte d’un niveau hiérarchique à l’autre jusqu’aux éons, est contraire aux lois naturelles, en vertu desquelles l’énergie doit descendre (la mère nourrit son enfant pour le rendre autonome, et non le contraire). Cette liberté que se sont octroyés les éons induit la chute de l’humanité dans la souffrance et l’inconscience.

Eliphas Levi, grand maître de l’occultisme, voit dans les égrégores des dieux. Cette croyance est légitime du point de vue des occultistes. On notera d’ailleurs que l’au-delà est constitué de trois plans qui peuvent être perçus comme des centres énergétiques, à l’image des trois centres spirituels de l’être humain. Au sommet de cette pyramide occulte règnent les douze éons, qui sont comme les douze paires de nerfs crâniens trônant au sommet de notre système nerveux directeur et dirigeant l’ensemble de notre système énergétique. Analogiquement, il existe donc dans l’au-delà une entité gigantesque, cosmique, qui est à l’image de l’être humain.

S’il n’existait que le monde manifesté, constitué du monde physique et de l’au-delà, alors Eliphas Levi aurait entièrement raison. Les égrégores seraient une myriade de dieux jaloux commandant aux êtres humains et se menant une guerre sans merci pour accroître leur vol énergétique. Mais celui qui connaît la véritable nature de ce monde illusoire, qui est à la fois d’ordre physique et subtil, sait que ni les égrégores ni les éons ne sont de véritables dieux. Ensemble, ils forment cette entité toute puissante que les religions appellent le «Bon Dieu», Jéhovah ou Allah, mais dans laquelle les gnostiques voient le Démiurge.

N’étant pas reliés aux égrégores de l’au-delà, les êtres conscients, réellement dévoués à leur divinité intérieure, ont établi un lien avec les dimensions divines, ils n’alimentent donc les éons en aucune manière.

Si aujourd’hui l’humanité tout entière n’a aucune possibilité d’échapper à l’emprise des éons, il existe malgré tout une possibilité de libération. Par la connaissance de soi, de l’univers et des dieux, et surtout en opérant une véritable transformation intérieure, nous pouvons inverser notre système énergétique, cesser d’alimenter les puissances occultes parasitaires et nous relier à des puissances supérieures qui, elles, n’ont qu’un désir : nous ramener à notre état originel d’immortels.

Voici ce qu’ont toujours défendu, à travers les âges, les écoles des Mystères, les fraternités initiatiques et la véritable Franc-Maçonnerie spirituelle.



Annexe : Esclave des Eons
Auteur: Jan van Rijckenborgh

Les éons sont des forces émanées des activités mentales et émotionnelles d'une humanité détournée du plan divin. Ils forment une hiérarchie dialectique et poussent l'humanité dans les voies de la religiosité, de la science et de l'occultisme, qu'ils contrôlent par le biais de structures et hiérarchies principalement religieuses et occultes, utilisant diverses imitations subtiles du chemin libérateur mais vides de toute idée libératrice. Ils perpétuent ainsi leur emprise parasitaire en dirigeant l'aspiration des foules vers leurs buts ici-bas ou dans l'au-delà.

Les éons ne cessent de conserver leur création en état. Ils ne peuvent faire autrement. Car si leur création disparaissait, leur existence prendrait fin. C'est pourquoi ils entretiennent dans ce monde un clergé organisé hiérarchiquement. Un clergé qui n'a qu’un seul but, qu'une seule tâche : maintenir à l’état dialectique le champ de formation, le champ de vie des entités issues des éons. Ce monde doit rester comme il est, tel est leur but. Les entités peuplant ce monde doivent donc s'y conformer. La grande troupe des esclaves des éons accomplit donc sans fin son tour de roue à travers la sphère matérielle et la sphère
réflectrice (l'au-delà).

Les gnostiques de tous temps ont continuellement incité l'humanité à se libérer de l'emprise de ces hiérarchies dialectiques, qui répondent à leur action par une destruction systématique de tout ce qui a trait à l'idée gnostique libératrice.


source: http://crom.be/fr/documents/les-egregores-3